
RFI – Au Sénégal, c’est à Rosso, à 380 km de Dakar, au bord du fleuve qui sépare les deux pays, que sont refoulés les migrants subsahariens venus de Mauritanie. Les ONGs mais aussi les autorités sénégalaises se sont inquiétées et ont dénoncé, ces derniers jours, des conditions d’expulsions de la Mauritanie trop peu respectueuses des droits de l’homme de plusieurs centaines de personnes en situation irrégulière. En attendant, la ville de Rosso accueille tant bien que mal ce flot de personnes expulsées.
Dans la cour il y a du linge qui sèche, des personnes se reposent sur une natte posée au sol. 22 maliens refoulés de Mauritanie et un Sénégalais ont trouvé refuge dans ces locaux de la croix rouge de Rosso, mais il est difficile de faire plus, selon le directeur du centre Mbaye Diop malgré la demande. « Beaucoup de migrants sont venus ici pour avoir de l’aide, mais il n’y a pas de moyens. On peut donner de l’eau, les laisser laver leur linge, mais c’est difficile pour tout le monde », constate-t-il.
C’est difficile, car depuis 2019 le bureau de la Croix-Rouge à Rosso ne reçoit plus de financements internationaux. La veille, une quarantaine de migrants, beaucoup de Sénégalais, mais aussi quelques Guinéens, Gambiens et Sierra-léonais ont été refoulés par la Mauritanie, comme presque tous les jours depuis trois semaines.
« Nous, il est de notre devoir d’assister »
« Oui, c’est une situation très compliquée, se désole le maire de la commune, Cheikh Gueye. C’est un fléau international qui interpelle tout le monde. Nous, il est de notre devoir d’assister. On est membre de la Cédéao (Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest), nous sommes là en tant qu’assistants, mais on ne peut pas faire grand-chose, parce que la mairie n’a pas de budget pour prendre en charge ce fléau. »
Reste la solidarité des habitants de Rosso, comme Hann qui a une boutique à 150 mètre du point de traversée entre la Mauritanie et le Sénégal. « Beaucoup de gens viennent demander de l’eau, certains peuvent payer, d’autres demandent à ce qu’on leur offre, ils sont nombreux à venir ici, c’est difficile ce qui leur arrive. Ils n’ont pas de téléphone, ni de quoi manger. »
Et tous les soirs, dans les ruelles autour de l’embarcadère, des dizaines de migrants subsahariens passent la nuit sur les terrasses devant les boutiques et les habitations, en attendant de pouvoir rentrer chez eux ou repasser la frontière.
Notre correspondante à Dakar, Léa-Lisa Westerhoff