
Soit deux organisations « régionales »: l’UE et l’UA. À propos de la 1ère ou plutôt de sa lointaine devancière, un de ses architectes majeurs, Jean Monnet, avait prévenu : « nous ne coalisons pas des États, nous unissons des hommes.
Les objectifs des pères fondateurs de l’UA, qui ne s’est pas toujours appelée ainsi, étaient quasi identiques. Le temps a passé. Aucune des deux organisations n’ a parfaitement réussi. Avantage peut-être à « l’UE » qui, il est vrai, entendait conjurer le spectre d’une guerre lointaine de près de 10 ans seulement. La décolonisation avait d’autant moins cette force symbolique en 1963 que, souvent, elle ne fut pas conquise de haute lutte.
Mais ce n’est pas le sujet. Le sujet, c’est que de nos jours, l’UE, soucieuse d’unir les femmes et les hommes du continent européen, conduit paradoxalement en Afrique des politiques migratoires tendant objectivement à cliver ou, pour être juste, à réactiver un clivage endémique du continent africain.
Sous couleur de contenir les flux migratoires et de neutraliser les réseaux de passeurs, l’UE stipendie un groupe d’États africains pour exercer une mission ultra sensible et non dénuée de dérives : faire barrage à des ressortissants d’autres États du continent. L’Afrique contre l’Afrique en quelque sorte, le « nord » versus le « sud ». Et très grossièrement, car la réalité des États est bien plus contrastée : l’Afrique « noire » vs le Maghreb.
La géographie est ce qu’elle est dans ce qu’elle a d’incontournable. Dieu merci, elle ne sert pas qu’à faire la guerre. Malheureusement, elle n’est pas toujours que l’art de la coexistence. Au-delà, il y a les imaginaires et le ressenti, ceux de 2 Afriques, a minima distinctes…pour rester mesuré. Et l’UA, qui aurait pu être l’interlocutrice de l’UE, le relais auprès de « ses » États? Aux abonnés absents ou presque. Autant que les États de départ ?
Tijane BAL pour Kassataya.com