
Agence de Presse Africaine – La décision de Kigali de rompre ses liens avec Bruxelles intervient dans un contexte d’escalade verbale entre la RDC et le Rwanda, ravivant les inquiétudes autour d’un conflit généralisé dans la région des Grands Lacs.
Le gouvernement rwandais a notifié lundi 17 mars 2025 sa décision de rompre avec effet immédiat toutes relations diplomatiques avec la Belgique, une mesure radicale qui marque une détérioration sans précédent des rapports entre les deux pays. Selon le communiqué officiel publié par le ministère rwandais des Affaires étrangères, cette rupture est l’aboutissement d’une « réflexion approfondie » face aux « tentatives prolongées de la Belgique de maintenir ses illusions néocoloniales ».
« La Belgique a constamment miné le Rwanda, bien avant et pendant le conflit en cours en République démocratique du Congo, dans lequel elle détient un rôle historique et profondément violent », accuse Kigali dans ce document officiel. Les autorités rwandaises dénoncent particulièrement « le rôle historique destructeur [de la Belgique] dans la création de l’extrémisme ethnique », faisant référence au passé colonial et aux événements ayant conduit au génocide contre les Tutsis de 1994.
Cette décision diplomatique radicale survient un mois après la suspension par le Rwanda de son programme d’aide bilatérale avec la Belgique à la mi-février, en réaction aux déclarations du nouveau chef de la diplomatie belge Maxime Prévot, qui avait évoqué la possibilité de « mettre un terme au programme de coopération » avec le Rwanda. La tension s’était intensifiée lors de la Conférence sur la sécurité à Munich, où le vice-Premier ministre belge avait appelé à « une réaction plus forte » de l’Union européenne contre Kigali.
Tensions régionales exacerbées
Cette rupture diplomatique s’inscrit dans un climat régional particulièrement tendu, marqué par une montée de la rhétorique belliqueuse entre la RDC et le Rwanda. Le Vice-Premier ministre et ministre de la Défense congolais, Me Guy Kabombo Muadianvita, a récemment déclaré que « si nous avons une armée forte, aucun pays voisin ne va oser nous défier », lors d’une visite aux militaires blessés à Kinshasa.
En réponse, le président rwandais Paul Kagame a affirmé que « nous ne devons pas avoir peur de parler, de nous battre pour nous-mêmes et contre ceux qui veulent nous anéantir », lors d’un échange avec la population.
Le communiqué rwandais précise que « tous les diplomates belges présents au Rwanda sont tenus de quitter le pays dans un délai de 48 heures ». Conformément à la Convention de Vienne, le Rwanda assure qu’il garantira la protection des locaux, des biens et des archives de la mission diplomatique belge à Kigali.
Cette décision, qualifiée d’ « engagement du Rwanda à protéger ses intérêts nationaux et la dignité des Rwandais », intervient alors que les efforts de médiation semblent dans l’impasse, malgré un appel au cessez-le-feu lancé par la présidence angolaise et des discussions de paix attendues à Luanda entre Kinshasa et le M23.
Source : Agence de Presse Africaine (APA)
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