“Le Sénégal a des talents”

 

Parmi [ces créateurs], Thiané Diagne, styliste et propriétaire des marques Gandioli et Jour J. “C’est une fierté de voir de telles célébrités porter des habits produits par des artistes locaux. Leurs gestes valorisent l’artisanat sénégalais. Mieux, c’est une bonne publicité pour nous et une fierté”, se réjouit l’enfant de Gandiol [au sud de Saint-Louis].

Le Sénégal, souligne-t-elle, a de jeunes talents très prometteurs. Et cela leur donne l’envie et la passion pour exercer leur métier. “Ce sont des vêtements très élégants, représentant le style ‘tradi-moderne’, dont les jeunes créateurs sénégalais, voire africains, sont fiers”, souligne Mme Diagne. Et d’ajouter :

“À l’international, cela permet aux autres de découvrir le ‘made in Sénégal’, ce dont nous nous réjouissons. Aujourd’hui, les artisans locaux se frottent les mains.”

 

Amadou Diop, dont les collections mêlent le traditionnel et le contemporain avec brio, ajoute avec une lueur de fierté : “C’est une manière de dire que le Sénégal a des talents. Il a une culture qui mérite d’être vue, portée et célébrée.”

Même la première dame incarne également cette mouvance vestimentaire. Pour sa toute première sortie en France avec le président de la République, Marie Khone Faye a ébloui le peuple par sa tenue “made in Sénégal”, jouant à la perfection le rôle d’ambassadrice de l’artisanat sénégalais.

“Quand elle porte un boubou retravaillé ou une tunique élégante, on ressent qu’elle chuchote qu’il est temps de soutenir nos créateurs et de donner de la visibilité à nos savoir-faire locaux”, note encore Thiané Diagne, émue. Et la styliste d’ajouter : “C’est une fierté de voir nos créations porter un message universel. Les nouvelles autorités ne sont pas que des icônes de mode. Ils sont des ambassadeurs de notre culture.”

Diversifier les choix vestimentaires

 

Cependant, pour la styliste Tima, dépositaire de la marque M’Tima, l’élargissement de la consommation de créations locales est essentiel. “On applaudit, mais ce serait une grande fierté de voir plus de stylistes sénégalais mis en lumière, au-delà d’une ou de deux personnes qui habillent régulièrement des personnalités”, souligne-t-elle.

Elle insiste sur l’importance de diversifier les choix en matière de mode et d’encourager les membres du gouvernement à porter les créations d’autres designers locaux. “Il y a de nombreux stylistes qui produisent du ‘made in Sénégal’ avec leur propre imagination. Ils ne veulent pas simplement reproduire les idées des autres, mais apporter leur touche unique”, explique Tima.

Pour elle, la clé est claire : en diversifiant les choix et en soutenant plus largement les créateurs locaux, la mode sénégalaise pourrait devenir un véritable levier de développement économique. “Ce serait une manière concrète de booster l’économie locale à travers la mode”, affirme-t-elle, sereine.

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Les créateurs locaux du style vestimentaire du duo présidentiel deviennent, aujourd’hui, des passeurs. Ils transforment le quotidien en acte de résistance douce, en acte de mémoire et de vision. Pour eux, chaque ligne, chaque coupe et chaque choix de tissu représentent une affirmation d’un avenir qui ne renie rien de son passé. Ce choix de style n’est pas une mode qui se consomme, c’est une mode qui se pense, qui se vit et qui, à travers le corps, devient un vecteur de transformation sociale.

Toutefois, le défi reste de taille pour l’industrie textile locale. Le narratif du “made in Sénégal” bute sur des réalités macroéconomiques, car tous les tissus, ou presque, sont importés.