
Info Migrants – Treize migrants ont débarqué mercredi matin à Dakhla, au sud du Maroc, après avoir été secourus dans l’Atlantique par un navire de pêche marocain. Selon les survivants, au moins 70 personnes sont mortes lors de cette traversée. Leur embarcation, partie de Mauritanie, cherchait à rejoindre les Canaries quand elle semble avoir dérivé dans l’océan.
Le bilan provisoire est lourd. Au moins 70 migrants sont morts en tentant d’atteindre l’archipel espagnol des Canaries, indique à InfoMigrants Helena Maleno, fondatrice de l’ONG Caminando Fronteras.
« Des pêcheurs marocains ont vu un canot en détresse loin de la côte, au beau milieu de l’Atlantique. Ils ont secouru 13 personnes, sous la supervision du MRCC (centre de sauvetage maritime) marocain », rapporte la militante. Mercredi 12 mars, vers 8h30, les 13 rescapés ont été déposés à Dakhla, au sud du Maroc dans le Sahara occidental. Tous les exilés ont été hospitalisés « dans un état grave ».
Selon leurs témoignages, au moins 85 migrants avaient pris place dans l’embarcation partie de Mauritanie fin février. « Ils ont passé une vingtaine de jours dans l’eau et ont vu mourir quelque 70 personnes » lors de la traversée, ajoute Helena Maleno.
Leur canot a pu avoir dérivé dans l’immensité de l’océan Atlantique. La responsable associative a remarqué ces dernières semaines que les embarcations de migrants s’éloignaient davantage des côtes africaines pour atteindre l’archipel espagnol afin d’échapper à la surveillance renforcée le long du littoral. Une pratique dangereuse, les pirogues surchargées n’étant pas adaptées à la navigation en haute mer.
« Nous sommes à la recherche de plusieurs convois depuis janvier. On est en train de vérifier les informations, avec les familles de disparus et les autorités compétentes, pour établir un bilan », explique encore Helena Maleno.
Des pirogues qui peuvent dériver jusqu’aux Caraïbes
La route migratoire qui relie les côtes ouest-africaines des Canaries demeure une des plus dangereuses au monde. Les vents violents et les forts courants rendent la traversée très risquée. De nombreux témoignages rapportent les périls du voyage, soumis aux aléas météorologiques, aux avaries de moteur, à la soif et à la faim.
Le 7 mars, Alarm Phone, la plateforme téléphonique d’aide aux migrants en mer, avait alerté sur le cas d’un canot à la dérive retrouvé au sud du Cap-Vert, avec neuf cadavres à bord.
Quelques jours plus tôt, le 3 mars, une embarcation avec cinq corps avait déjà été découverte au large du Cap-Vert. Cinq survivants étaient également sur la pirogue au moment de sa découverte par les autorités mais l’un d’eux est mort à l’hôpital le lendemain. Selon le récit des rescapés, la pirogue comptait environ 65 personnes. Le bilan de ce drame pourrait donc être beaucoup plus lourd.
D’autres bateaux dérivent encore plus loin, à des milliers de kilomètres des rives africaines. Le 30 janvier, un canot avec à l’intérieur 19 corps en état de décomposition avancée avait été retrouvé par les autorités de Saint-Kitts-et-Nevis, le plus petit État des Caraïbes. Certains victimes étaient originaires du Mali, d’après les documents d’identification retrouvés à bord, ce qui laisse penser que l’embarcation avait quitté les côtes ouest-africaines dans le but de rejoindre les Canaries espagnoles.
Quelques jours plus tôt, une autre pirogue avait été découverte avec cinq cadavres à bord par les autorités de Trinité-et-Tobago. D’après leur communiqué, le bateau serait vraisemblablement parti d’Afrique de l’Ouest avant de dériver.
En 2024, près de 10 000 personnes ont perdu la vie ou ont disparu en mer en essayant de gagner les îles Canaries, contre 6 000 en 2023, selon un rapport publié fin décembre par Caminando Fronteras. Pour l’association, la route des Canaries est ainsi bel et bien devenue « la plus meurtrière au monde ».
Source : Info Migrants (France)
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