
Courrier international – Depuis l’investiture de Donald Trump, “le monde est différent. Le prince héritier saoudien peut désormais se présenter comme un prince de la paix”, note Der Spiegel.
L’Arabie saoudite accueille mardi 11 mars à Djeddah des pourparlers entre Ukrainiens et Américains visant à discuter des moyens de mettre fin au conflit entre Kiev et Moscou.
Mohammed ben Salmane a rencontré, dès lundi 10 mars, Volodymyr Zelensky à son arrivée dans le royaume, rapporte The New York Times.
Le président ukrainien a déclaré sur X que ses discussions avec le dirigeant saoudien ont été “bonnes” et qu’il était “reconnaissant” pour la “vision avisée du prince héritier sur les affaires mondiales et son soutien à l’Ukraine”. L’Arabie saoudite apporte “une plateforme très importante pour la diplomatie”, a aussi estimé Zelensky.
Selon la présidence ukrainienne, l’entretien entre Kiev et Riyad a porté sur une “possible médiation de l’Arabie saoudite pour la libération de prisonniers militaires et civils et le retour d’enfants déportés” ainsi que sur les garanties de sécurité réclamées par l’Ukraine.
De “paria” à “médiateur clé”
Autrefois sulfureux sur la scène internationale, en raison d’accusations de violations des droits de l’homme, le royaume pétrolier tente désormais de “se débarrasser de son statut de paria, en se redéfinissant comme un médiateur clé dans les conflits internationaux”, analyse NBC News.
L’année dernière, l’Arabie saoudite avait déjà joué un rôle central dans un échange complexe de prisonniers entre les États-Unis et la Russie, rappelle le New York Times. Donald Trump a aussi laissé entendre que Riyad pourrait accueillir une éventuelle rencontre entre lui et le président russe, Vladimir Poutine.
“Pour le prince Mohammed, jouer le rôle de médiateur dans la guerre est” aussi une “occasion de consolider son influence au-delà du Moyen-Orient”, remarque le New York Times.
Depuis plusieurs années, Riyad “caresse l’idée de rejoindre l’alliance élargie des économies émergentes connue sous le nom de ‘Brics’, qui comprend la Chine, l’Inde, l’Afrique du Sud et le Brésil ainsi que la Russie”, rappelle le Spiegel. “MBS ne cherche pas la confrontation avec l’Occident. Mais, à l’instar de Trump, il poursuit une politique qui donne la priorité à l’Arabie saoudite. Il souhaite que celle-ci devienne indispensable sur le plan tant économique que politique”.
“Une position précaire” pour Zelensky
À Djeddah, l’Ukraine s’apprête à inaugurer de son côté une “phase décisive de négociations”, note Le Soir. Kiev va exposer mardi aux États-Unis, un plan pour un cessez-le-feu partiel avec la Russie, dans l’espoir de retrouver le soutien de Washington après le refroidissement spectaculaire de leurs relations.
Ces discussions seront les premières à ce niveau entre responsables ukrainiens et américains depuis la visite du président ukrainien à la Maison-Blanche fin février, qui avait tourné à l’affrontement devant les caméras de télévision.
“En coulisses, la position de Kiev paraît bien précaire, estime le Soir. Donald Trump a déclaré publiquement vendredi 7 mars qu’il pensait que les choses seraient ‘plus faciles’ avec les Russes que les Ukrainiens, et ce bien qu’il n’ait jusqu’ici présenté aucune demande de concession à Moscou, alors que Kiev doit déjà survivre sans livraisons d’armes américaines, privé d’aide au renseignement et sans soutien non plus en matière de cyberguerre.”
À quelques heures des pourparlers, la Russie a affirmé avoir été visée, dans la nuit de lundi à mardi, par une attaque “massive” de dizaines de drones ukrainiens ayant ciblé Moscou et plusieurs régions russes, faisant au moins un mort. Si elle est “confirmée”, il s’agirait de la “plus importante attaque” sur la capitale russe depuis le début de l’invasion de l’Ukraine par la Russie, note CNN.
Source : Courrier international (France)
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