Laila Soueif, l’Egypto-Britannique en grève de la faim pour faire libérer son fils

Depuis plus de cinquante ans, Laila Soueif est une figure incontournable de la lutte pour les droits humains en Egypte, mais elle met aujourd'hui sa vie en danger pour que son fils, Alaa Abdel Fattah, célèbre blogueur et opposant politique, soit libéré.

Courrier international – Cette mathématicienne de 68 ans critique depuis longtemps le climat politique répressif égyptien. Elle a participé à de nombreuses manifestations, écrit des chroniques dans des journaux et été arrêtée à plusieurs reprises.

Depuis 150 jours, Laila Soueif, qui vit à Londres, est en grève de la faim pour exiger la libération de son fils, arrêté en septembre 2019 après avoir partagé un texte sur la torture dans les geôles égyptiennes.

En 2021, il a été condamné à cinq ans de prison pour « diffusion de fausses informations ».

Admise cette semaine à l’hôpital St Thomas dans la capitale britannique, elle court désormais, a dit mercredi son médecin, un « risque élevé de mort subite en cas de poursuite » de sa grève de la faim.

N’ayant ingéré que du café, du thé et des sachets de réhydratation depuis septembre, elle a perdu près de 30 kilos.

Laila Soueif, qui comme son fils possède la double nationalité égyptienne et britannique, a précédemment reconnu les risques qu’elle prenait, mais insisté sur le fait que l’avenir de sa famille primait sur sa propre sécurité.

 

Le message « 129 jours de grève de la faim, libérez Alaa » écrit à la craie sur le sol en face du 10 Downing Street par Laila Soueif, mère du blogueur et opposant politique Alaa Abdel Fattah emprisonné, le 5 février 2025 à Londres

 

« Je poursuis ma grève de la faim, soit jusqu’à ce qu’Alaa soit libéré, soit jusqu’à ce que je m’effondre complètement, ou même je meure », avait-elle confié dans un entretien avec l’AFP début février.

Depuis le début de son action, elle a rencontré le Premier ministre britannique Keir Starmer, qu’elle souhaite voir intervenir directement auprès du président égyptien Abdel Fattah al-Sissi, ainsi que son ministre des Affaires étrangères, David Lammy, qui s’est rendu au Caire pour solliciter la libération de son fils.

Famille d’opposants

 

Le défunt mari de Laila Soueif, Ahmed Seif al-Islam, était un éminent avocat des droits humains qui a passé cinq ans en prison dans les années 1980 pour activisme politique.

Ensemble, ils ont élevé trois enfants, devenu tous trois militants, défendeurs des droits humains.

 

Le blogueur et opposant politique Alaa Abdel Fattah (c) assis à côté de sa soeur Mona Saif (g) et sa mère Laila Soueif, lors d’une interview avec l’AFP chez eux au Caire, le 17 mai 2019

 

Alaa Abdel Fatta, 43 ans, l’aîné, a fait des allers-retours en prison pendant deux décennies, sous quatre gouvernements égyptiens différents. C’est une figure de la révolution de 2011 qui a renversé le président Hosni Moubarak.

Mona Seif, une de ses soeurs, est l’une des fondatrices de la campagne « Non aux procès militaires pour les civils », qui se concentre sur le sort de milliers de personnes jugées par des tribunaux militaires.

Sanaa Seif, la cadette, réalisatrice de documentaires, a également été emprisonnée à plusieurs reprises pour son activisme, dont deux fois depuis l’arrivée au pouvoir d’Abdel Fattah al-Sissi en 2013.

Sous la présidence de cet ancien général, à l’origine du coup d’Etat ayant renversé le président islamiste Mohamed Morsi, un grand nombre de dissidents ont été arrêtés. Les groupes de défense des droits humains chiffrent à des dizaines de milliers les prisonniers politiques détenus depuis 2013.

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Londres (AFP)

Source : Courrier international (France)

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