Mauritanie : des journalistes s’engagent contre la violence sexiste

Nations Unies« Quand tu as le téléphone, le trépied et que tu es sur le terrain, les gens te voient souvent différemment », explique Hawa Ba. Ils se demandent : « Est-ce une femme ? Est-ce un homme ? S’il vous plaît, dites-nous si vous êtes une femme ou un homme ».

Hawa Ba est reporter pour Initiatives New, un site en ligne créé en 2017 qui se concentre sur les droits humains et les questions sociales, et membre du réseau des journalistes mauritaniens sur les violences faites aux femmes et aux filles.

Le réseau, composé de 40 journalistes issus des secteurs de la presse et de l’audiovisuel, se concentre sur la couverture médiatique des violences basées sur le genre (VBG) en questionnant les stéréotypes liés au genre. Le réseau a été mis en place à l’issu d’une formation organisée par le HCDH qui continue de jouer un rôle clé en soutenant le réseau dans des actions concrètes de promotion d’informations de qualité sur les violences sexistes et sur les droits humains en général. Ce soutien est assuré à travers différents projets et programmes, notamment le Fonds pour la consolidation de la paix, le principal instrument des Nations unies pour investir dans les efforts de prévention et de consolidation de la paix.

Mme Ba a rejoint le réseau en 2022 après avoir suivi des formations organisées par le HCDH sur les droits humains, les violences basées sur le genre, les stéréotypes et les discriminations.  Grâce à sa participation, elle a pu transmettre ses expériences et échanger avec ses collègues les meilleures pratiques en matière de journalisme. Lors des élections locales de 2023, avec le soutien du HCDH, le réseau a mis en place des unités de surveillance des médias pour mettre en avant la participation politique des femmes.

« J’ai toujours travaillé sur les droits des femmes », a déclaré Mme Ba. « Ces questions me touchent profondément et sont très proches de mon cœur. »

Susciter le débat

 

La violence basée sur le genre reste un problème pressant en Mauritanie. D’après les données de la seconde enquête démographique et de santé, 10 % des femmes âgées de 15 à 49 ans ont subi des violences physiques et 6 % des violences sexuelles. Fait alarmant, 65 % d’entre elles n’ont jamais cherché à obtenir de l’aide ou n’en ont parlé à personne.

Mme Ba travaille actuellement sur un reportage sur les violences obstétricales, un sujet rarement abordé dans le pays. Pour cela, elle a rencontré Aminata Diarra, une sage-femme, activiste et féministe qui se consacre à cette question.

« Les violences obstétricales et gynécologiques sont une forme de maltraitance subie par les femmes pendant la grossesse et l’accouchement », explique Aminata Diarra. « Les femmes craignent souvent de se rendre à l’hôpital, de peur d’être insultées, maltraitées ou soumises à des procédures médicales sans leur consentement. ».

Mme Ba espère que son travail suscitera le débat et repoussera les limites de la société.

« Nous devons aborder ces questions », a-t-elle déclaré. « Il est de notre devoir d’informer et de contribuer à faire évoluer les mentalités. »

Hawa Ba après avoir interviewé Aminata Diarra, sage-femme et militante, sur les violences obstétricales. © HCDH/Lamia Alami

« De nombreux journalistes mauritaniens sont confrontés à des difficultés pour couvrir la violence sexiste. » a ajouté Hawa Ba.

« Certaines personnes nous critiquent, se demandant pourquoi nous nous concentrons sur les questions relatives aux femmes alors que nous sommes journalistes », a-t-elle déclaré. « Mais nous recevons aussi des commentaires positifs, y compris de la part d’hommes, ce qui nous motive à continuer. Pourtant, des sujets comme le VIH et la sexualité restent difficiles à aborder ».

Malgré ces obstacles, Mme Ba ne se laisse pas décourager. Son travail ne consiste pas seulement à faire des reportages, mais aussi à plaider en faveur du changement.

« Ce que fait Hawa est remarquable », a déclaré Mme Diarra. « Nous espérons que d’autres jeunes journalistes s’intéresseront activement à ces questions cruciales. »

Informer pour protéger

 

 

 

Source : Nations Unies

 

 

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