Mauritanie – Dialogue politique, Birame refuse de participer au simulacre

Thaqafa – Face aux informations qui circulent sur la tenue imminente d’un dialogue entre les acteurs politiques sur les questions de l’heure, telles que le passif humanitaire, l’esclavage et la lutte contre la corruption, le député Birame Dah Abeid a dit « NIET » face ce qu’il considère être un « simulacre destiné à contourner les vrais problèmes du pays ».

La récente tournée du président du parti islamiste Tawassoul, Hamadi Ould Sidi Mokhtar, également Chef de file de l’opposition démocratique, auprès de certains leaders politiques, comme Mohamed Ould Maouloud, président de l’Union des Forces du Progrès (UFP) et le député Birame Dah Abeid, a relancé l’idée du dialogue politique que le président Mohamed Cheikh Ghazouani avait annoncé il y a un an, repris en septembre puis en novembre 2024 par son Premier ministre Mokhtar Ould Djay et le porte-parole du gouvernement, Houssein Ould Meddou.

Le « Niet » de Birame Dah Abeid

Pour le député et antiesclavagiste Birame Dah Abeid, président de l’Initiative de Résurgence du mouvement Abolitionniste (IRA), deuxième durant les trois dernières présidentielles, 2014, 2019 et 2024, l’idée même de circonscrire ce dialogue aux candidats de la dernière présidentielle est un non-sens. « Les élections sont terminées et il n’y a plus de candidats » a-t-il déclaré.

Selon lui, ce dialogue est un « simulacre destiné à contourner les vrais problèmes et préserver les intérêts d’un système corrompu qui cherche une légitimation ».

L’une des raisons centrales du refus de Birame Dah Abeid est l’absence de toute garantie quant à la transparence du dialogue proposé, surtout l’implication du Ministère de l’Intérieur en tant que superviseur de cette action. Pour lui, ce département est « responsable des fraudes électorales massives lors de toutes les consultations organisées depuis 2019 ». Il l’accuse aussi d’être le responsable dans la non-transparence des recensements à vocation électorale.

Un organe neutre de supervision

Pour que le dialogue politique envisagé soit acceptable, il faudrait selon Birame Dah Abeid identifier d’abord les acteurs crédibles et influents bien connus sur la scène nationale.

Il faudrait ensuite définir par un mécanisme démocratique, un organe neutre de supervision capable de gérer le processus en toute neutralité entre les divers acteurs, opposition comme parti au pouvoir. Les résolutions finales du dialogue doivent ensuite revêtir un caractère décisionnel et non de simples recommandations laissées à la discrétion du pouvoir qui en fera ce qu’il veut.

Appel au dialogue

Depuis son accession au pouvoir en 2019, le président Ghazouani a initié plusieurs dialogues qui ont tourné autour de sujets d’intérêt national, certains ayant même porté sur le processus démocratique et électoral, sur les partis politiques, sans que les résultats de ces dialogues n’aient abouti à des solutions concrètes.

Toutes ces initiatives pilotées par le Ministère de l’Intérieur se sont d’ailleurs déroulées sans aucune concertation préalable avec l’opposition. Toutes ont été houleuses, critiquées et pourfendues, et jamais avec consensus.

Pourtant, en septembre 2024, le Premier ministre Mokhtar Ould Djay avait appelé à un « dialogue politique franc et inclusif » sur l’initiative du pouvoir, prouvant une fois de plus l’unilatéralisme dénoncé par l’opposition. Cette volonté de Ghazouani à relancer un dialogue en panne entre les acteurs politique a été réitérée par le porte-parole du gouvernement Houssein Ould Meddou en novembre 2024.

En effet, Ould Djay avait appelé à ce dialogue pour « mener à bien des réformes fondamentales, notamment la révision du Code électoral pour renforcer la participation, la transparence et la crédibilité des élections ».

Des résultats au profit du système

Lors de la présentation de la Déclaration de politique générale du gouvernement devant l’Assemblée nationale en janvier 2025, il a même insisté sur le fait que « ce dialogue sera inclusif, abordant les véritables problèmes du pays et visant à répondre aux aspirations des citoyens ». Ce dialogue devra porter entre autres, selon sa déclaration, sur le renforcement de l’Etat de droit, la réduction des disparités sociales, la lutte contre les vestiges de l’esclavage et les réformes structurelles ainsi que la lutte contre la corruption. A aucun moment, il n’a parlé du Passif humanitaire, qui constitue pourtant le véritable problème de l’unité nationale et de la cohésion sociale, car il y a des familles, des veuves et des orphelins qui continuent de réclamer justice.

Houssein Ould Meddou avait ajouté, parlant du dialogue politique, que « les mesures pratiques dans ce sens ont été entamées » et que ce dialogue s’inscrit « dans le fil droit du discours prononcé par le président Mohamed Cheikh Ghazouani il y a plus d’un an ».

Il est a rappelé qu’en mars 2024 déjà, le Ministère de l’Intérieur avait lancé au Palais des Congrès de Nouakchott les Journées nationales de concertation sur la préparation des élections présidentielles et le développement de la gouvernance démocratique.

Toutes les revendications formulées par l’opposition, révision de la liste électorale et de la composition de la Commission électorale indépendante, entre autres, afin d’assurer la transparence des élections lors de ces assises ont été rejetées. Résultats, les élections présidentielles du 29 juin 2024 sont considérées par nombre d’observateurs comme les plus frauduleuses de l’histoire politique du pays, et même plusieurs partis de la majorité présidentielle l’avaient dénoncé.

Pour ne pas simplifier les termes du dialogue en perspective, la classe politique continue de rejeter le projet de loi sur les partis, ce qui constitue un véritable frein pour la sérénité du débat politique.

 

 

Cheikh Aïdara

 

 

 

 

Source : Thaqafa (Mauritanie)

 

 

 

 

 

Diffusion partielle ou totale interdite sans la mention : Source www.kassataya.com

Quitter la version mobile