Nombreuses condamnations après l’arrestation de libraires palestiniens

AFPL’arrestation de deux libraires palestiniens à Jérusalem-Est a suscité lundi une vague d’indignation locale et internationale.

Une soixantaine de personnes se sont réunies lundi matin devant le tribunal de Jérusalem où comparaissaient Mahmoud et Ahmad Mouna, arrêtés dimanche, pour manifester leur solidarité avec ces libraires du secteur oriental de la ville, occupé et annexé par Israël depuis 1967.

Plusieurs institutions israéliennes de défense des droits ont condamné ces arrestations, l’ONG B’Tselem appelant Israël à « immédiatement […] cesser de persécuter les intellectuels palestiniens ».

Au milieu du concert de critiques, l’ambassadeur palestinien au Royaume-Uni Hussam Zomlot a appelé « la communauté internationale » et le secteur de l’édition à se mobiliser pour exiger de promptes libérations.

« Pourquoi Israël se sent-il si menacé par les livres? », interrogeait quant à lui l’historien israélien et dirigeant du parti nationaliste arabe Balad, Sami Abou Shahadeh, sur X, « nous entrons peut-être dans une nouvelle phase d’oppression, [le Premier ministre Benjamin] Netanyahu […] estimant qu’ils n'[a] pas de lignes rouges ».

Saisie de livres

Lors de perquisitions dans deux librairies « Educational Bookshop », des institutions culturelles de Jérusalem-Est, où travaillent Mahmoud Mouna et son neveu Ahmad, des policiers « ont arrêté deux résidents de Jérusalem-Est soupçonnés de vendre des livres qui contiennent des appels à la haine », a déclaré Dean Elsdunne, porte-parole de la police, dans un communiqué.

Les policiers ont trouvé des livres sur « des thèmes nationalistes palestiniens », a-t-il ajouté.

Comme seul exemple des « nombreux livres contenant des éléments d’appel à la haine », le communiqué mentionne un livre de coloriage intitulé « Du fleuve à la mer ».

La signification de cette expression divise. Certains l’interprètent comme un appel au retour à la Palestine d’avant 1948, c’est-à-dire à la destruction d’Israël, tandis que d’autres affirment qu’elle signifie la libération de l’occupation militaire israélienne et l’égalité des droits pour tous entre le fleuve du Jourdain et la mer Méditerranée, c’est-à-dire en Israël comme dans les Territoires palestiniens.

L’avocat de la famille Mouna, Nasser Odeh, a confirmé que « des centaines de livres » avaient été saisis, « des livres d’Histoire, des oeuvres écrites par différents auteurs, dont des Israéliens ou des internationaux ».

« C’est un endroit très connu, il y a même des Israéliens qui viennent », affirme à l’AFP Hazem Abou Najib, un riverain. « Quand je vois qu’on s’en prend à des librairies […] ça me déprime terriblement ».

« Autoritarisme »

La manifestation devant le tribunal a rassemblé des militants anti-gouvernement, des personnalités politiques comme le député arabe israélien Ayman Odeh, et des habitués de ces boutiques.

« C’est incroyable, nous venons dans cette librairie depuis des générations », explique Sidra Ezrahi, une octogénaire israélo-américaine : « J’ai tout vu en 60 ans ici, mais ça [l’arrestation des libraires, NDLR] reste incroyable, c’est ce que font les états fascistes ».

L’écrivain américain Nathan Thrall tenait une pancarte portant le mot « Palestine » écrit en arabe, suivi de « Confisquez-moi » en anglais.

La police « a pris tous les livres avec le mot +Palestine+ sur la couverture ou à l’intérieur », dit-il, « c’est un glissement vers l’autoritarisme, mais à partir d’une situation qui était déjà totalitaire ».

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AFP

 

 

 

Source : L’Orient Le Jour (Liban)

 

 

 

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