Quand Elon Musk accuse l’Afrique du Sud, son pays natal, de « persécuter les Blancs »

Donald Trump a menacé de suspendre l’aide que les Etats-Unis octroient au pays en raison d’une législation autorisant la saisie de terres, une réforme également dénoncée par le plus riche et célèbre des Sud-Africains.

Le Monde – Faut-il y voir l’influence d’Elon Musk sur la diplomatie de Donald Trump ? Dimanche 2 février, dans une charge sur son réseau Truth Social, le président américain a accusé l’Afrique du Sud, pays de naissance du patron de Tesla, de « confisquer des terres » et de « traiter certaines catégories de population TRÈS MAL », menaçant de suspendre l’aide américaine à destination de ce pays dans l’attente d’une « enquête complète sur la situation ».

Comme pour révéler qu’il est l’inspirateur de ces quelques mots, le plus riche et célèbre des Sud-Africains a interpellé quelques heures plus tard sur X, son propre réseau social, le président sud-africain, Cyril Ramaphosa : « Pourquoi vos lois sur la propriété sont-elles ouvertement racistes ? » Avant de surenchérir, mardi, en relayant des messages, toujours sur X, jugeant notamment que « les Sud-Africains blancs sont persécutés en raison de leur race dans leur propre pays ».

L’Afrique du Sud entretient des relations délicates avec les Etats-Unis, avec le Parti républicain en particulier, depuis ses prises de position sur l’Ukraine marquées par une forme de neutralité et sa plainte contre Israël auprès de la Cour internationale de justice. Le pays s’efforce cependant de préserver ses relations avec Washington, dont il est le premier partenaire commercial en Afrique. En septembre 2024, M. Ramaphosa avait rencontré Elon Musk pour l’inciter à investir dans son pays d’origine. Après la charge de son homologue américain, il a tenté d’apaiser le débat, promettant que « le gouvernement sud-africain n’a confisqué aucune terre » et que la signature, fin janvier, d’une loi sur l’expropriation « garantit l’accès du public à la terre d’une manière équitable et juste, conformément à la Constitution ».

Trente ans après la fin de l’apartheid, la question du partage des terres et des richesses reste sensible dans le pays le plus inégalitaire au monde, selon le Laboratoire sur les inégalités mondiales, et où 72 % des terres agricoles sont encore aux mains de propriétaires blancs, une communauté qui représente 7 % de la population.

Si Elon Musk relaye certaines des peurs blanches sud-africaines, il sait aussi ce que fut le pire de l’apartheid vécu par ses compatriotes noirs. Né en 1971, il est adolescent lorsque en 1985, le Parti national, architecte de l’apartheid, décrète l’état d’urgence. Les townships s’enflamment. La répression se durcit. Alors que des campagnes internationales prônent le boycott, le régime raciste agite la « menace rouge ». Cinq ans plus tard, Nelson Mandela sortira de prison. Il sera élu président de l’Afrique du Sud en 1994.

Musk grandit dans une bulle préservée des violences raciales

« En tant qu’enfant ayant grandi en Afrique du Sud, Elon Musk a connu la douleur et a appris comment y survivre » : voilà comme commence sa biographie autorisée, signée Walter Isaacson. Du racisme institutionnalisé et des « douleurs » qui caractérisent alors son pays, l’ouvrage publié en 2023 ne dit rien ou presque. Sur 688 pages, le mot « apartheid » apparaît cinq fois. « Ségrégation » jamais.

Comme l’immense majorité des garçons blancs nés en Afrique du Sud à cette période, Elon Musk grandit dans une bulle préservée des violences raciales. Grâce aux succès dans les affaires de son père ingénieur, il vit dans une maison cossue de la capitale, Pretoria, un bastion afrikaner, une communauté héritière des premiers colons néerlandais et français. Issu, par son père, d’une lignée anglaise, Elon Musk fréquente le prestigieux lycée Boys High School, réputé plus progressiste que les établissements de langue afrikaans.

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  (Johannesburg, correspondance)

 

 

 

 

Source : Le Monde

 

 

 

 

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