Plus de 600 migrants débarquent aux Canaries en deux jours

Info MigrantsEntre mardi et jeudi, 618 exilés ont débarqué aux Canaries, et 23 aux Baléares. Les arrivées de migrants ont connu des records en 2024 dans l’archipel espagnol situé dans l’océan Atlantique, provoquant la saturation du système d’accueil. Une nouvelle réunion doit avoir lieu ce vendredi entre les autorités canariennes et le gouvernement pour tenter de trouver un accord sur la répartition des mineurs vers la péninsule espagnole.

Malgré une météo hivernale, les départs de migrants vers les côtes espagnoles ne cessent pas. En seulement deux jours, plus de 600 exilés ont atteint l’Espagne, a indiqué jeudi 23 janvier Europa Press.

Ce même jour, 63 personnes originaires d’Afrique subsaharienne sont arrivées au port de La Restinga, sur la petite île canarienne d’El Hierro. Parmi elles, 10 femmes et quatre enfants. Selon les témoignages des exilés, leur canot a quitté la capitale de la Mauritanie, Nouakchott, cinq jours plus tôt.

 

Dans la nuit de mardi à mercredi, ce sont 555 migrants, à bord de sept embarcations, qui ont débarqué sur les îles d’El Hierro, de Tenerife et de Grande Canarie. À bord de l’une des pirogues, les sauveteurs espagnols ont par ailleurs retrouvé une personne sans vie.

Enfin dans la journée de mardi, 23 exilés ont été secourus par les services de sauvetage espagnols près de Formentera, aux Baléares.

« Nous sommes débordés »

 

Au total, 3 460 personnes sont arrivées en Espagne au cours des 15 premiers jours de l’année 2025, soit 6,3% de moins qu’à la même période de 2024, d’après les données du ministère de l’Intérieur. Comme l’an dernier, la majeure partie des débarquements se concentrent sur les îles Canaries : on compte 3 223 arrivées dans l’archipel espagnol du 1er au 15 janvier 2025. Un chiffre en baisse de 7,4% par rapport à la même période de 2024.

 

Sur l’ensemble de l’année dernière, les Canaries ont dû prendre en charge près de 47 000 migrants. Du jamais vu pour ce petit bout de terre dans l’océan Atlantique, qui fait face depuis plusieurs mois à une saturation de plus en plus importante de son système d’accueil.

Dans la nuit du 6 au 7 janvier, une centaine d’exilés ont été contraints de dormir sur un quai du port d’Arrecife, à Lanzarote, en raison du manque de places disponibles sur l’île. « Nous sommes débordés, les centres sont saturés, nous devons continuer à ouvrir de nouvelles installations », avait alors déclaré aux médias Marciano Acuña, un élu de Lanzarote.

 

La plus petite île de l’archipel, El Hierro, peine aussi à accueillir les naufragés. D’autant qu’elle est devenue ces derniers mois le premier lieu de débarquement des embarcations qui arrivent aux Canaries. Dans un premier temps, des tentes ont été installées sur le quai de La Restinga. Puis, ces tentes ont été progressivement remplacées par des « conteneurs modulables sans que l’on sache jusqu’à présent qui l’a autorisé et quelle est la raison de cette action », déplore le président de la région d’El Hierro, Alpidio Armas, dans la presse canarienne.

Ces préfabriqués ont aussi été dénoncés par le maire d’El Pinar, petit village près de La Restinga. Juan Miguel Padrón a « exhorté le secrétariat d’État aux Migrations du gouvernement espagnol à rechercher des solutions à court, moyen et long terme, visant à libérer ce port de l’occupation permanente de presque tout son espace par les infrastructures d’immigration ».

Reprise des négociations sur la répartition des mineurs

 

Depuis des mois, le débat sur le transfert des migrants entre les régions espagnoles agite la sphère politique. Le gouvernement socialiste souhaite réformer l’article 35 de la loi Immigration, qui acterait notamment l’accueil obligatoire des mineurs non accompagnés dans les différentes structures du pays (sur le continent), lorsqu’un territoire (comme les Canaries) dépasse 150 % de sa capacité d’accueil. Mais les discussions sont aujourd’hui dans l’impasse : le 5 octobre, le Parti populaire (PP, conservateur) a quitté la table des négociations, mettant un coup d’arrêt à la réforme.

Le président des Canaries Fernando Clavijo ne cesse, depuis, de réclamer la reprise des négociations. « On a un sentiment d’abandon et bien sûr ça nous fait mal », a-t-il déclaré dans un entretien à El Mundo le 13 janvier. « Pedro Sánchez [le Premier ministre, ndlr] n’est pas solidaire et Feijóo [Alberto Núñez Feijóo, président du PP] a laissé les îles Canaries bloquées ». Fernando Clavijo appelle donc à une « grande coalition » du PSOE, au pouvoir, et du PP « autour des questions migratoires ».

Un sauveteur espagnol porte un enfant venant d’arriver sur l’île de Grande Canarie, le 21 janvier 2025. Crédit : Reuters

Une nouvelle réunion a lieu ce vendredi entre le ministre de la Politique territoriale, Ángel Víctor Torres, et le président des îles Canaries pour tenter de trouver un accord sur la répartition des mineurs non accompagnés des îles Canaries et de l’enclave Ceuta vers le continent espagnol.

Après l’échec des négociations, le gouvernement canarien a proposé que l’exécutif approuve un décret-loi pour effectuer une répartition unique (et non plus obligatoire) de quelque 4 000 mineurs des îles Canaries vers la péninsule – plus de 5 600 jeunes sont hébergées dans les structures d’accueil de l’archipel, pour une capacité de 2 000 places. Le texte devrait être soumis au Parlement début février.

Ces discussions sont suivies de près par les ONG et les militants des droits. Le 16 janvier, Amnesty international avait appelé « les autorités et les partis politiques » à « adopter de toute urgence et immédiatement une proposition de répartition contraignante, obligatoire et équitable, qui garantisse un accueil adéquat à tous mineurs ». Le 9 juillet, l’antenne espagnole de l’Unicef avait déjà tiré la sonnette d’alarme : aux Canaries, « les droits [des enfants] ne sont pas respectés en raison de la saturation absolue du système de protection ». « Ces enfants et adolescents arrivés sur l’archipel après un voyage dangereux ont besoin d’espaces sûrs », avait insisté l’institution onusienne dans un communiqué.

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Source : Info Migrants

 

 

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