Histoire de la Mosquée de Paris, une propriété marocaine

Le 360.ma – L’histoire de la Mosquée de Paris, propriété foncière du Maroc, est empreinte d’un oubli persistant, marqué par des secrets tenaces sur les circonstances de sa fondation, et sur la mainmise de l’Algérie sur ce lieu de culte. Pourtant, un fait résiste à l’effacement : son statut juridique, inchangé depuis 1917, témoigne du rôle majeur, foncier, architectural et spirituel du Maroc. Voici l’histoire de la spoliation algérienne, racontée par les historiens et documentée par les archives.

 

De 1917 à 1957, la Mosquée de Paris fut dirigée par deux figures marocaines d’envergure: Kaddour Ben Ghabrit, vizir et chancelier-adjoint des affaires chérifiennes, et son neveu Ahmed Ben Ghabrit. Ces deux hauts fonctionnaires, intimement liés à l’histoire du Royaume, ont marqué de leur empreinte la gestion et l’aura de la mosquée. Une continuité marocaine incarnée également par Mammeri, proposé par le secrétaire d’État aux Affaires étrangères pour le poste de recteur.

Cependant, en 1957, un tournant controversé survient avec la nomination unilatérale de Hamza Boubakeur, le 18 mai, par les ministères de l’Intérieur et le président du Conseil français. Cette décision, jugée abusive, provoque une réaction officielle du Maroc: une lettre de contestation adressée en août 1957 par le ministre marocain des Affaires étrangères. Cette réaction illustre la volonté du Royaume de défendre son héritage et de préserver le lien historique qui l’unit à la Mosquée de Paris.

La Mosquée de Paris appartient à la Société des Habous et des Lieux saints, une institution créée au palais royal de Rabat sous l’égide du sultan Moulay Youssef. C’est ce même sultan qui, en 1922, ordonna le lancement des travaux, acte confié à son représentant, le résident général Hubert Lyautey. En juillet 1926, l’inauguration, célébrée en grande pompe, immortalisa cette œuvre architecturale et spirituelle. L’événement fut relaté avec éclat dans le livre de René Weiss, publié en 1927: «Réception à l’Hôtel de Ville de Sa Majesté Moulay Youssef, Sultan du Maroc, Inauguration de l’Institut Musulman et de la Mosquée» (Imprimerie Nationale, 1927).

 

Les faux statuts face à la vérité de l’acte de propriété

De faux statuts ont tenté, au fil du temps, de masquer la réalité d’une acquisition légitime. Pourtant, l’histoire et les archives dévoilent une vérité inébranlable: l’acte notarié de 1922 consacre la propriété de la mosquée à la Société des Habous et des Lieux saints, représentée par Si Kaddour Ben Ghabrit, vizir et chancelier des Ordres Chérifiens. Cet acte, signé entre le président de la Société et la Ville de Paris, repose sur une subvention d’un million cinq cent mille francs, permettant l’acquisition du terrain de l’ancien hôpital de la Pitié.

Pierre Justinard confirme cette vérité dans ses écrits: «La Ville de Paris accorde à la Société des Habous des Lieux saints de l’Islam une subvention sous forme d’un chèque de un million cinq cent mille francs, permettant à Si Kaddour Ben Ghabrit, en tant que président, d’acquérir le terrain de l’ancien hôpital de la Pitié. L’acte notarié entre Si Kaddour Ben Ghabrit et l’Administration de la Santé publique rendit ainsi l’Islam propriétaire, à titre incommutable, du terrain en question.» (Pierre Justinard, «Mosquée de Paris, Mémoire de fin d’études», Archives ANOM, Aix-en-Provence, p. 26)

Une note historique annonce ainsi la cérémonie du 19 octobre 1922: «J’ai l’honneur de rappeler à M. le Président du Conseil que le premier coup de pioche dans l’emplacement du “Mihrab” doit être donné le 19 de ce mois par M. le Maréchal Lyautey, entouré des personnalités musulmanes du Maroc, de l’Algérie et de la Tunisie. Les invitations sont faites par la Société des Habous et des Lieux saints de l’Islam.»

Ce jour-là, Lyautey envoya une lettre au sultan Moulay Youssef, rapportant cet instant historique: «Lorsque j’ai prononcé le Nom de Votre Majesté Chérifienne, il a été hautement acclamé par l’assistance. Le premier coup de pioche a été donné par le grand vizir El Mokri (premier ministre marocain), suivi des membres des diverses nationalités musulmanes.»

Chronologie d’une usurpation

L’histoire de la Mosquée de Paris est marquée par des manœuvres visant à falsifier son cadre juridique et à s’emparer de son patrimoine. Parmi ces épisodes, la création artificielle des statuts de la Société des Habous par Hamza Boubakeur, après une prétendue réunion d’Assemblée générale composée de membres fictifs, dont son propre garde du corps et des membres de sa famille. Ces subterfuges furent rapidement démasqués, comme le rapporte Gilles Kepel: «Bien que (Hamza Boubakeur) n’ait jamais appartenu à la Société des Habous, il prétend avoir présidé une “réunion” qualifiée d’Assemblée générale, dans un lieu non précisé, avec des personnes pour la plupart inconnues de la Société des Habous. Plusieurs des “membres” de cette “Assemblée” ont fait connaître qu’ils n’avaient jamais participé à ce groupement. Les autres n’ont pu être identifiés par leur adresse ou leur titre. Détail curieux: la prétendue Assemblée générale comprenait le frère, le fils et le garde du corps de Boubakeur, au demeurant seuls identifiables…» (Gilles Kepel, «Les Banlieues de l’Islam», Seuil, 1991, p. 81)

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Source : Le 360.ma (Maroc)

 

 

 

 

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