Traversees Mauritanides – Depuis quinze ans, les Traversées Mauritanides explorent les imaginaires littéraires dans le désert. L’évènement, devenu un rendez-vous incontournable du donner et du recevoir, est un exploit dans ce pays où on lit de moins en moins.
Traversées Mauritanides, la consolidation
Quinzième édition des Rencontres littéraires Traversées Mauritanides s’est tenue du 2 au 10 décembre 2024 à Nouakchott. Au menu : visites scolaires, tables rondes et conférences avec des écrivains de renom venus d’ailleurs et de la Mauritanie. L’ouverture de l’évènement, de plus en plus dans le pays, a eu lieu à l’Académie diplomatique sise dans une aile du Ministère des affaires étrangères, de la Coopération et des Mauritaniens de l’extérieur. C’est Dr. Houssein Ould Meddou Ministre de la Culture, des Arts, de la Communication et des Relations avec le Parlement et Porte-parole du Gouvernement, qui a présidé le lancement. Un acte salué, et hautement symbolique !
Le ministre dira : «Je suis très heureux de partager cet instant solennel avec vous. Heureux de vous témoigner l’importance que son S.E. le Président de la République Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani accorde à la littérature et aux arts. Chaque présence d’auteur, ou d’acteur culturel de quelque ordre qu’il soit, renforce notre tissu social. Nous sommes connus pour être un peuple épris de poésie ». « La venue de ces invités de marque, de la Tunisie, d’Île Maurice, de la France et du Sénégal à quelques jours de notre Festival des Villes du patrimoine, prouve notre statut de pays attaché aux cultures et à leurs diversités ». Puis au ministre, par ailleurs journaliste et ancien président de la Haute Autorité de la Presse et de l’Audiovisuel (HAPA) de conclure : « J’ai pu constater, également, qu’une place importante sera accordée à un renforcement de capacités, en valeur des acteurs de la presse avec des professionnels. Mais aussi des sujets sur le traitement de l’information, face aux réseaux avec lesquels nous devons être prudents. Tout ceci est en symbiose avec la vision du gouvernement. Je puis vous assurer que Traversées Mauritanides par ses engagements à la promotion de la littérature et de la cohésion sociale bénéficiera désormais de notre plus grande attention et de notre soutien ».
Comme de tradition, la table ronde inaugurale a eu lieu en arabe, à l’Académie diplomatique. Instaurée, celle-ci sert de pont entre les langues et les différents acteurs culturels. Si l’événement est dans sa dominante en français, il reste que d’autres langues sont régulièrement intégrées. D’où le fait d’inviter souvent des écrivains ou universitaires bilingues (surtout ceux originaires du monde arabe). Qu’ils s’expriment en allemand, anglais ou autres, ces derniers devront simplement pouvoir le faire dans l’un des parlers usités en Mauritanie, autrement dit en arabe ou en français. Une preuve d’ouverture.
Le lendemain, mardi 03 décembre, le Centre culturel marocain a accueilli : De la poésie au slam, des mots sur nos maux, nos identités
et le vivre-ensemble ! De nombreux spectateurs ont pu assister, en direct, aux prestations du slameur et poète tunisien Anis Chouchène, en compagnie des poètes et slameurs mauritaniens Cheikh Nouh, Yahya MBodj, Diaw Fall, Mouhamed Mamoune et Khalil Boubacar. L’assistance a vibré sous la diction de chaque mot, envoutée par les talents ! Des droits de l’homme au vivre-ensemble, en passant par l’environnement et les violences faites aux femmes, le public a apprécié la variété des tons et l’engagement des uns et des autres.
Un spectacle haut en couleurs. D’autant plus qu’Anis Chouchène, très suivi sur les réseaux, se reproduisait pour la première fois en Mauritanie. La joie de ses fans était immense : « Moi, dit Zeïnebou, je n’avais jamais pensé le voir à cette distance déclamer ses textes sous mes yeux, prendre des photos avec lui. Je suis simplement heureuse ! » Ils seront nombreux à manifester la même expression, en sollicitant des autographes.
Des échanges au cœur des attentes
L’Institut français de Mauritanie (IFM), sera au cœur de nombreuses rencontres. Lieu des conférences, et souvent en solo comme ce Libres paroles à … Ananda Devi sous la modération de Catherine Fruchon-Toussaint. Dans ce duel, ouvert au public, la Mauricienne se confia sur ses origines indiennes, son écriture et ses identités insulaires. De beaux instants où la lauréate du Prix Neustadt 2024 fascina par la sincérité de ses propos portés par une voix calme et articulée. Ananda offrira les mêmes bonheurs aux jeunes du Lycée français Théodore Monod et à diverses autres classes d’élèves venues l’écouter à la Médiathèque.
De l’identité à l’écriture
La construction d’identités : « L’écriture est-elle la somme de nos diversités culturelles ? ». Emmanuel Ruben, Juif d’Algérie né en France, romancier et auteur prolifique, souligne d’entrée de jeu son rebut des deux notions. Il déclare avoir construit, dès l’âge de 19 ans, son propre « archipel », s’inspirant de l’écrivain martiniquais Edouard Glissant. Pour ce dernier, « nous sommes tous des archipels ». Selon lui, le romancier n’est pas un théoricien mais un praticien. Cette notion d’archipel devient pour Ruben le refuge dans lequel il s’est blotti pour échapper aux influences culturelles qui l’assaillaient : la culture arabe de sa mère, celle allemande de sa grand-mère, le français de ses grands-parents… En clair, quelques soient les espaces dans lesquels nous évoluons, il n’est pas dit que nous devons en être des éponges.
Pour Salihina Konaté, auteur de Souffles d’humanité, l’écrivain est la somme de ses lectures. Ce que nuance la Franco-mauritanienne Marième Derwich qui met en avant l’influence du métissage culturel. Et y ajoute le fait que celui-ci puisse être doublé du regard de la société … sur les femmes. Elle évoque le genre, qu’elle représente et qui l’oblige souvent « à faire avec pour être admise. Mais, poursuit-elle avec humour, caractérielle on ne doit pas me chercher sur certains terrains. Sinon, on me trouve ! » Sy Alasane lui matérialise l’influence par le fait que quand il écrit en français il pense en pulaar. « L’identité peut découler d’un cheminement personnel permanent, individuel », glisse Zaïdina. Le débat ne sera pas épuisé !
Les langues nationales, cet éternel chantier
Le thème sur les langues nationales poursuit celui sur les identités. Avec Boubacar Boris Diop, Prix Neustadt 2022, il était attendu. Et pour cause. Disciple de l’égyptologue Cheikh Anta Diop, il entame depuis de nombreuses années ses écrits en wolof d’abord. Il est un des pionniers de l’utilisation de la langue wolof dans l’écriture romanesque : « Mes cibles premières restent les locuteurs du pays où je vis et dont je commerce avec la langue au quotidien », dit-il.
Ses livres « Doomi Golo » et « Bàmmeelu Kocc Barma » deviennent respectivement « Les petits de la guenon » et « Un tombeau pour Kinne Gaajo ». Fondateur de la maison d’édition « EJO » en langue wolof et du site d’informations Defu waxu : https://www.defuwaxu.com/, il enseigne la langue à l’Université Gaston Berger de Saint-Louis.
Les autres protagonistes, à ce houleux échange, étaient Ndèye Codou Fall directrice de EJO éditions, et les universitaires mauritaniens Idoumou Mohamed Lemine et Mamadou Kalidou Bâ. D’un pays à l’autre, l’appréciation des politiques linguistiques s’offre sous des angles différents. Mais tous s’accordent au même constat : « il ne peut y avoir d’identités nôtre sans un support cardinal dans ses propres parlers ». « Et, complète Professeur Bâ, cela passe aussi par un équilibre. Nulle langue ne doit être tenue au-dessus des autres ».
Ce à quoi rétorque son homologue et compatriote Idoumou : « Je suis d’avis que les langues ne doivent tout simplement pas être politisées, instrumentalisées, si on veut qu’elles jouent un rôle de ciment national fort ». En Mauritanie subsistent quatre langues : le pulaar, le soninké, le wolof et le hassaniya
« assimilé » à l’arabe langue officielle. Dans une nouvelle réforme, expérimentale en ce moment, les autres sont introduites dans le système éducatif d’enseignement.
Cette volonté de domestiquer les langues nationales, dans les œuvres romanesques et autres, répond à des combats pour la reconnaissance, les transmissions des savoirs et la valorisation des patrimoines culturels des pays anciennement colonisés. Dans le sillage de Cheikh Anta Diop, et du Kényan Ngugi wa Thiong’o, conférenciers et publics soutiennent que « l’écriture de nos langues reste un vecteur essentiel pour l’encrage de nos identités et cultures ».
Intelligence artificielle, création et fake
Actualité oblige. De l’influence des réseaux sociaux à l’Intelligence Artificielle (IA), il sera question de ces univers auxquels les jeunes sont devenus accros et sensibles. Le monde de la culture, de l’écriture et même du journalisme, fait aujourd’hui face au défi de l’Intelligence artificielle. Écrire, et partager l’inspiration vraie, est ce à quoi écrivains et journalistes sont de plus en plus confrontés de nos jours. L’Institut Français de Mauritanie abrita alors une passionnante curiosité : Intelligence artificielle (IA) : un voisin encombrant pour la littérature ? Un sujet qu’attaquent Inès Senghor, El Yezid Yezid, Alassane Adama Sy, Emmanuel Ruben et Marième Derwich avec Alassane Dia-professeur à l’Université.
Le même débat a été traité en arabe (Le numérique et les réseaux sociaux dans le monde arabe, quel impact sur la littérature ?) avec Anis Chouchène, Cheikh Nouh et les universitaires Mohamed Ould Bouleïba et Tarba Mint Amar sous la modération du journaliste Cheikh Mouad, par ailleurs directeur de l’Institut pédagogique national.
Certains admettent que les réseaux sociaux et l’IA sont devenus presque incontournables. On trouve, dans ces nouveaux outils, matières à plusieurs choses. Des inspirations, voire des créations plus rapides et poussées. Le public assiste avec fascination aux échanges sur comment les écrivains d’aujourd’hui combinent, ou pas, leurs écritures avec l’intelligente machine. Jusqu’à l’appréhension des étudiants pour leurs travaux : «C’est notre époque», souffle Soukeyna. Inépuisable débat, avec des avis divergents. Tellement la machine intervient sur diverses formes d’écritures et même de communication. Comme le dit Étienne Klein, dans sa préface à Donnerons-nous notre langue au CHATGPT ? L’impact de l’IA sur notre avenir de Gilles Moyse, « Nos corps et nos esprits souffrent désormais d’une intoxication par la hâte ».
Reste le vœu et l’attachement aux lectures, des livres physiques, et la modération à observer avec les raccourcis pour la création. Pour Sy,
« la lecture d’un ouvrage physique, la solitude humaine que procure son toucher livre une sensualité particulière que la machine ne pourra jamais offrir ! Il en est de même avec le texte que l’on produit par ses propres neurones ».
Sous un autre angle, de la presse cette fois, on assistera aux mêmes préoccupations. L’ère du numérique, de l’information et de la désinformation, se désigne par l’anglicisme fake news : «fausse nouvelle lancée en connaissance de cause » pour diffuser une information erronée. À la dernière journée des Traversées, le débat a permis de camper les défis.
La table ronde Du droit à l’information à la lutte contre la désinformation est un écho à la thématique générale : Ecrire, nos libertés. Le constat est qu’à l’ère des réseaux sociaux, il est de plus en plus difficile de gérer des informations que l’on publie çà et là. Alors même qu’une mauvaise information peut fortement nuire à des équilibres. Aussi, à l’occasion de la Journée Internationale des droits de l’Homme, en coordination avec la Délégation de l’Union européenne en Mauritanie, il était bon de donner la parole à des acteurs de premières lignes.
Tenue le mardi 10 décembre à l’Académie diplomatique, la rencontre a réuni Joaquin TASSO VILALLONGA-Ambassadeur de l’Union européenne en Mauritanie, Hindou Mint Aïnina-Conseillère près la Primature chargée des affaires politiques, Rassoul Ould El Khal-Commissaire adjoint aux droits de l’homme, à l’action humanitaire et aux relations avec la société civile, Me Fatimata Mbaye-avocate et Amadou Sy-journaliste et Directeur Pays à Médias & Démocratie. Il fut question certes du droit à l’information, un droit reconnu par toutes les constitutions du monde, mais surtout d’attirer l’attention sur le danger de la désinformation, la manipulation des sources et de l’information.
Chacun, des intervenants, a pu éclairer le public sur les missions de son organe, et comment il convient de rester prudent sur l’information, tout en la donnant. Tous ont convenu que les réseaux sociaux de nos jours, Facebook, Watsapp, Twitter et autres, permettent de communiquer rapidement, mais qu’il faudra se garder de diffuser des fake news aux conséquences imprévisibles. En clair, dans les différents propos, la lutte contre l’intox et les fake news restent préoccupants. Puisque ces actes malveillants pourraient faire le lit de néfastes propagandes contre la paix sociale dans des pays fragiles, et pas que.
Ce qui conduit à une rencontre table ronde qui interpelle là aussi les libertés. Il s’agit de : Écrire, ne rien s’interdire ! C’est la thématique même de cette quinzième édition. Si la liberté est une épreuve du quotidien, peut-on tout se permettre, avec des sociétés qui ne partagent toujours pas nos valeurs ? L’écrivain est-il celui ou celle qui ose dire : écrire, nos libertés ?
La journaliste Catherine Fruchon-Toussaint, animatrice de l’émission Littératures sans frontières sur RFI, avait eu la lourde d’attache d’interroger les écrivains sur ces épineuses interrogations. Elle avait comme invités : la Mauricienne Ananda Devi, le Français Emmanuel Ruben, les Mauritaniens Mbareck Ould Beyrouk, Marième Derwich et Bios Diallo, par ailleurs directeur du festival. Les échanges, mêmes houleux, ont été francs et instructifs au moment où l’écrivain Franco-algérien Boualem Sansal demeurait en prison depuis la mi-novembre !
D’une même voix, tous disent que la place d’un écrivain n’est pas dans une cellule de prison. Son champ c’est d’être en air libre, jouir de la liberté de ses pensées et écrits, pour éclairer des lecteurs toujours avides à découvrir de ses livres ! Oui, si la liberté part d’un acte solitaire, elle peut également se faire solidaire des causes justes. Laisser parler, et écrire, toute personne qui aspire à transmettre une pensée, une idée, défendre une culture.
L’environnement notre cause
Un débat insoupçonné s’invite aux rencontres. Il s’agit de celui sur l’environnement et des normes de constructions !
Là aussi, le public se délecta des pistes sur nos cadres de vie qui s’évoquent avec Inès Senghor, autrice et architecte, Aïchetou Tandia cadre au Ministère de l’Environnement et du Développement Durable, Oumar Wélé, ingénieur en génie-civil et président d’HABIDEM (Habitat et Développement en Mauritanie, une entreprise d’écoconstruction spécialisée dans la valorisation des matériaux locaux géossourcés) et Marion Le Guilloux Chargée de Croissance Inclusive et Durable à la Délégation de l’Union Européenne.
« Par notre ingénierie nos habitats pourraient être adaptés à l’environnement, et aux types d’urbanisations sans impacter négativement sur le bien-être des populations, soutient Wélé. Tout en répondant aux défis écologiques qui pourraient découler des changements climatiques». Même si les inquiétudes sont visibles à travers les poussées démographiques et anarchiques de certaines villes comme Nouakchott et Nouadhibou. « Si l’on écoute les recommandations d’experts soucieux de notre bien-être, le réchauffement climatique aura moins d’impacts sur nos cadres de vies », défend Le Guilloux. « Surtout, la réconforte Aïchetou Tandia, que nous disposons de mécanismes. Et défense la nature doit être la mission de tous ».
Rituels des Traversées
En plus des conférences, les Traversées Mauritanides ont des rituels. Il s’agit des visites en milieux scolaires et les traditionnelles des Génies en herbe. Ce jeu est une école de construction du savoir : questions-réponses sur les actualités en Mauritanie et dans le Monde, la littérature, les œuvres des écrivains invités, les Quiz, etc. Et comme toujours le Centre Culturel marocain, théâtre de ces compétitions, a refusé du monde le soir de la finale.
Après avoir disputé différentes épreuves, durant l’année scolaire, les écoles Diam Ly, Noura, Sahel, Riyah, Tufunde Gandal, Vaïda, Mauritanides2, Averroès et Khattary Diallo se sont retrouvées pour la dernière place. La salle de spectacles a été prise d’assaut plus de deux heures avant. Élèves, parents et encadreurs affutèrent leurs armes.
Les jeux ont été âpres, chaque établissement faisant montre de sa dextérité, et de preuves de bons encadrements de ses professeurs. Instants nourrissants de cultures générales, jusqu’aux dernières épreuves sur la grammaire, l’orthographe, la géographie, des sujets politiques, connaissances des régions du pays, d’Institutions telles l’Organisation de la Francophonie, l’Union européenne, le Pnud, KinrossTasiast, l’OMS, les drapeaux des pays et représentations diplomatiques en Mauritanie et leurs missions. De quoi titiller bien des intelligences !
Après ces belles tirades, les protagonistes ont été récompensés de leurs efforts. Les heureux gagnants sont repartis avec de nombreux cadeaux : des livres d’auteurs invités, mais également avec des dictionnaires et des fournitures scolaires. Mais surtout avec cette joie d’avoir pris part à une compétition stimulante de culture générale. Ces distinctions sont agrémentées de slams et de poésies. « Il est réconfortant de voir les enfants s’amuser avec des mots, se livrer à de tels exercices dans la gaieté et la bonne humeur, confie Bouna venu accompagner ses poulains. Cela les stimule, et nous réconforte nous parents ».
Les transmissions
Des écoles publiques et privées ont eu leurs parts des rencontres : « Un rituel maintenu par les Traversées Mauritanides depuis la naissance du festival, dit Bios Diallo promoteur des rencontres. Les établissements reçoivent des écrivains pour des échanges directs entre auteurs et élèves. C’est là un choix, pour stimuler les jeunes, et leur donner le goût des études».
Les autrices Ines Senghor-Franco-sénégalo-serbe (Le miel du crabe), Marième Derwich-Franco-mauritanienne (Mille et un Je) et Ananda Devi-Mauricienne (La nuit s’ajoute à la nuit, Moi, l’interdite…) se sont rendues, entre autres, au Lycée français Théodore Monod, à Tevrag Zeïna, aux écoles Toujounine, à l’est de la ville, et à Cheikh Moussa à la Cité Plage. Des zones géographiques emblématiques de la capitale Nouakchott. Dans ces lieux, elles ont parlé de leurs livres, de l’environnement, mais surtout des bienfaits des études et du respect de l’Autre : « Nous pouvons surmonter des barrières relatives aux langues et couleurs, dit Inès Senghor aux jeunes filles de Toujounine2. Il faut déconstruire les préjugés, pour nous offrir un monde meilleur qui pourrait germer de nos diversités multiples et élèvera notre humanité ». À la fin de la rencontre, les jeunes l’enlacent : « Merci pour tout ce que vous venez de dire, soupire Metou qui se blottit dans ses bras. Moi aussi je suis métisse. Gardons foi en tout ».
Des visites similaires se feront à l’Institut de Communication ESTIM et à l’Université de Nouakchott avec les écrivains Boubacar Boris Diop, Ndeye Codou Fall, Ananda Devi et Anis Chouchene. Ils ont été accueillis aux Départements de langues française et arabe par le Doyen Wane Doudou, les professeurs Mamadou Kalidou Bâ, Ndiaye Kane Sarr, Mamadou Dahmed, Moussa Keïta, Mamadou Diop, Ahmed Ould Gaoud et Mouhamed Ould Bouleiba.
De nombreux étudiants enthousiastes ont profité des différents échanges sur les écrits des invités. Là aussi il sera question de la force de la littérature pour la construction d’un monde de paix et de fraternité. «Même s’il est minime, le pouvoir des écrits existe, soutient Boubacar Boris Diop auteur de Murambi, le livre des ossements sur le génocide rwandais. Chaque écrit est une bouteille à la mer. Il ne faut pas désespérer de l’apport des plumes bien vaillantes ».
À l’École Nationale d’Administration, de Journalisme et de Magistrature (ENAJM) Catherine Fruchon-Toussaint, journaliste de Radio France Internationale–RFI, a animé avec les élèves-fonctionnaires une rencontre sur la communication institutionnelle dans une salle comble. En insistant sur la sacralité de l’information, et du droit du public à l’information, approches et astuces ont été débattues en présence du Directeur Général Thiam Zakaria et de ses collaborateurs. De nourrissants échanges en arabe et en français.
Avec RFI, comme partenaire de l’évènement, Catherine Fruchon-Toussaint fera écho de toutes ces visites d’écoles, conférences, interviews avec des étudiants, professeurs et écrivains dans des émissions spéciales de Littératures sans frontières enregistrées depuis Nouakchott. C’est dire combien cette 15ème édition des Traversées Mauritanides a été bénéfique à tous égards, à tous les amoureux de littérature. Les rencontres littéraires ont donc de nouveau enchanté un public de plus en plus élargi.
Avec nos vœux les meilleurs en 2025, nous disons MERCI à nos partenaires et soutiens !
Cheikh Aïdara
Source : Traversees Mauritanides (Le 10 janvier 2025)
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