A Los Angeles, les habitants abasourdis par l’ampleur de l’incendie : « C’est comme si notre quartier n’avait jamais existé »

Alors que près de 9 000 bâtiments pourraient avoir été détruits, la polémique autour de la gestion de la catastrophe s’est intensifiée.

Le Monde – L’accalmie a été de courte durée. Le vent a repris de plus belle jeudi soir, à Los Angeles. Un nouveau foyer, appelé le « Kenneth Fire », a été déclaré dans la vallée de San Fernando, à l’ouest de la ville. Il est venu s’ajouter aux trois autres toujours en activité et au Sunset Fire, qui menaçait Hollywood mercredi, mais a été rapidement circonscrit grâce aux moyens aériens. En quelques heures, le nouveau foyer avait dévoré 400 hectares. Les hélicoptères multipliaient les rondes pour aller s’approvisionner en eau au réservoir de l’université Pepperdine, à Malibu.

Le bilan s’est alourdi, à dix morts, mais les autorités prévoient qu’il sera supérieur une fois que les secouristes auront sécurisé les décombres. « On n’est pas du tout sortis d’affaire », a déclaré la cheffe des pompiers, Kristin Crowley. Dans la journée, l’incendie dit « Eaton », qui s’est lancé à l’assaut de la colline derrière Pasadena, a semé un début de panique en se rapprochant des antennes plantées sur le mont Wilson, menaçant les retransmissions.

Rivés aux images tournées par les télévisions ou par les particuliers qui ont été, ici ou là, admis à retourner dans leur quartier, les habitants de Los Angeles prennent progressivement la mesure de l’énormité des destructions. Ce sont maintenant plus de 130 000 personnes qui ont été évacuées. Le nombre de bâtiments démolis pourrait atteindre 9 000, selon les autorités. A eux deux, les deux principaux foyers, Palisades et Eaton, occupent près de 13 000 hectares, soit une superficie plus grande que celle de Paris.

Toute la journée, des victimes ont essayé de retourner sur les lieux. Certaines sachant que leur maison n’existait plus, d’autres pour s’en convaincre. « Je l’ai vu à la télé, mais je voulais le voir de mes propres yeux », explique Alexandra Martin, une enseignante d’Altadena, le quartier du nord qui a subi à ce jour le plus grand nombre de victimes. Certaines maisons ont échappé à la destruction, à la surprise de leurs habitants. Une femme, ainsi, a vu sa maison être sauvée par un voisin qui est resté arroser les toits, malgré l’ordre d’évacuation.

La maire critiquée

La tempête de feu n’a pas fait de discrimination. A Pacific Palisades, la liste des célébrités orphelines de leur propriété s’est allongée de nouveaux noms. Le quartier d’Altadena, 40 000 habitants, est plus modeste, mélangé, un air de banlieue américaine, mais bordé de trop nombreux arbres pour ne pas avoir suscité l’appétit des flammes. Lucy Denton, une retraitée, ne cesse de le répéter : « It’s gone », « tout est parti ». La musique, l’été dans le jardin avec les voisins, « it’s gone ». Ce n’est pas que la maison qui est perdue, c’est le quartier entier. « Comme s’il n’avait jamais existé. » Le cabinet du dentiste, les églises, le salon de beauté dont il reste curieusement l’enseigne, et même le Bunny Museum, le « musée du lapin », sur Lake Avenue, qui était l’une des attractions d’Altadena. Tout a brûlé.

A moins de douze jours du changement d’administration à Washington, la bagarre politique s’est intensifiée autour de la gestion initiale de la catastrophe. Bousculés par les républicains, les démocrates cherchent à montrer qu’ils ont la situation en main. La maire, Karen Bass, très critiquée pour avoir maintenu un déplacement au Ghana, alors que les météorologues avaient mis en garde contre des vents violents, tient conférence de presse sur conférence de presse, entourée d’une vingtaine d’intervenants, sénateur, conseillers municipaux, chefs des unités de pompiers, de police, du district scolaire, témoignant de la complexité des responsabilités dans un comté plus peuplé que 43 Etats américains.

La maire, qui fait face à de nombreux appels à démissionner, a tenu à montrer qu’elle avait le soutien de la Maison Blanche. Elle s’est entretenue avec Joe Biden et Kamala Harris, la vice-présidente, ex-sénatrice de la Californie, qui s’est inquiétée de la tentation des compagnies d’assurances de se retirer de Californie. Le gouvernement fédéral va payer pour 100 % du coût de la réponse aux incendies et de celui du déblaiement pour les six prochains mois, une générosité « sans précédent », a assuré la maire.

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 (Los Angeles, envoyée spéciale)

Source : Le Monde 

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