« Voyager en Afrique reste une gageure pour la plupart des Africains »

Si les dirigeants du continent ne cessent d’appeler à renforcer l’intégration régionale, rares sont les Etats à exempter de visa les citoyens du continent, rappelle, dans une chronique au « Monde », Marie de Vergès.

Le MondePour réaliser son émancipation économique, « l’Afrique doit s’unir », écrivait dès 1963 le héraut du panafricanisme et ancien président du Ghana, Kwame Nkrumah (1909-1972). Six décennies plus tard, le pays qu’il conduisit vers l’indépendance vient de prendre une décision conforme à ses prescriptions : depuis le début de l’année, il accueille sans visa tous les citoyens africains détenteurs d’un passeport.

La mesure mérite d’être soulignée tant voyager en Afrique reste une gageure pour la plupart des Africains. Et pas uniquement à cause du piètre état des routes et du coût exorbitant des liaisons aériennes. Avant le Ghana, seuls quatre Etats sur cinquante-quatre – le Bénin, la Gambie, le Rwanda et les Seychelles – offraient une exemption de visa aux ressortissants des autres pays du continent. Un fort maigre contingent dans une région dont les dirigeants ne cessent de clamer la nécessité d’une meilleure intégration.

Personne, jusqu’au plus haut niveau, ne semble épargné par les vicissitudes bureaucratiques qu’implique cette situation. « En tant qu’investisseur qui souhaite faire prospérer l’Afrique, je dois demander trente-cinq visas différents », s’agaçait le magnat nigérian des affaires, Aliko Dangote, lors d’un forum économique organisé au Rwanda en mai 2024. Or, « je n’ai pas vraiment le temps d’aller déposer mon passeport dans les ambassades pour obtenir un visa », poursuivait, sous les rires de l’assistance, l’homme le plus riche d’Afrique, à la tête d’un empire industriel présent dans dix-huit pays du continent.

Renforcer les liens

 

Des espaces de libre circulation existent tout de même au sein de blocs régionaux, comme celui de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest. Et les accords d’exemption bilatéraux se multiplient, comme le relève l’indice d’ouverture en matière de visas, établi par la Banque africaine de développement. Depuis 2016, date de sa première publication, le nombre de pays dotés de systèmes de visa électronique, censés améliorer l’efficacité du processus et le confort des usagers, est aussi passé de moins de dix à vingt-six.

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Source : Le Monde  

 

 

 

 

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