Espagne : près de 47 000 migrants ont rejoint les îles Canaries en 2024, record historique

Info MigrantsAu cours de l’année 2024, 46 843 exilés, principalement en provenance d’Afrique de l’Ouest, ont atteint les îles Canaries. Du jamais vu pour l’archipel espagnol, qui fait face depuis plusieurs mois à une saturation de plus en plus importante de son système d’accueil.

Un record historique. Le ministère espagnol de l’Intérieur a dévoilé jeudi 2 janvier les chiffres de l’immigration vers l’Espagne en 2024. En tout, 46 843 personnes ont rejoint les îles Canaries, contre 39 000 l’an passé, soit une hausse de plus de 17 % sur un an.

Concernant l’ensemble de l’Espagne, 63 970 migrants sont arrivés illégalement par voie terrestre ou maritime, contre 56 852 en 2023 (soit 12,5 % de plus), d’après le ministère. Un chiffre largement gonflé par l’afflux aux Canaries, qui constitue de loin la principale porte d’entrée des migrants dans le pays. Ces données se rapprochent également du record de 2018, où 64 298 exilés avaient atteint la péninsule ibérique.

Pour rejoindre les Canaries, les migrants partent du Sénégal, de Mauritanie ou du Maroc. Crédit : InfoMigrants

 

Mais l’augmentation du nombre d’arrivées dans l’archipel espagnol s’accompagne d’une autre hausse bien plus funeste : celle des décès sur cette route. Face à l’extrême dangerosité de cette voie migratoire, en plein océan Atlantique, à la merci des intempéries et des forts courants, de plus en plus de personnes périssent chaque année en tentant la traversée depuis la côte nord-ouest du continent africain.

En 2024, près de 10 000 personnes ont ainsi perdu la vie ou ont disparu en mer en essayant de gagner les îles espagnoles, contre 6 000 en 2023, selon un rapport publié fin décembre par l’ONG Caminando Fronteras. Pour l’association, la route des Canaries est ainsi bel et bien devenue « la plus meurtrière au monde ».

Les systèmes d’accueil de l’archipel « complètement dépassés »

 

Cet afflux d’exilés sur les îles Canaries a cependant des conséquences sur leur prise en charge et fait pression sur son système d’accueil, notamment sur celui réservé aux mineurs non accompagnés. Fin octobre, l’on dénombrait par exemple près de 6 000 jeunes migrants pris en charge dans l’archipel, pour une capacité de 2 000 places réparties dans 81 centres d’accueil.

Sauf que cette saturation entraîne une détérioration des soins de santé, pourtant indispensables aux mineurs après des jours passés dans l’océan Atlantique, sans eau ni nourriture en quantité suffisante. Les services de santé se disait d’ailleurs « complètement dépassés », confiait le pédiatre Abián Montesdeoca au média Cadena Ser en octobre. « Il est triste de voir qu’un pays avec un niveau de développement comme le nôtre n’est pas capable de soigner […] ces mineurs ».

Des migrants pris en charge sur l’île de Lanzarote, aux Canaries, après avoir été secourus en mer, le 5 novembre 2024. Crédit : Reuters

 

D’après le médecin, certains jeunes arrivent très mal en point aux Canaries, n’ayant pas pu traiter leur pathologie dans leur pays d’origine. S’ajoutent à cela « l’hypothermie, la déshydratation, les blessures et les infections qu’ils ont contractées en mer ».

En outre, une enquête a été ouverte début octobre 2024 par la justice des Canaries pour quatre cas de mauvais traitements et d’abus commis dans des centres d’accueil pour migrants mineurs, deux à Tenerife et deux à Grande Canarie, rapportait le quotidien espagnol El País. Les adolescents interrogés parlaient d’abus sexuels par des migrants adultes, hébergés dans la même structure qu’eux, ou encore « d’agressions physiques et de mauvais traitement continus » de la part des employés locaux.

Mesure pour répartir les mineurs dans d’autres régions au point mort

 

Débordées par les arrivées de ces derniers mois, les autorités canariennes ont donc lancé un cri d’alarme. Car si la prise en charge des exilés adultes relève du gouvernement central de Madrid, celle des mineurs non accompagnés est de l’ordre de la responsabilité des seules régions autonomes. C’est ce qu’a d’ailleurs rappelé ce jeudi le ministre de la Politique territoriale, Ángel Victor Torres, qui a estimé leur nombre aux Canaries entre « 4 000 et 5 000 ».

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Source : Info Migrants (France)

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