Mauritanie – Un Bon compatriote ne Divise pas les Communautés, mais il les Unit

Après la conférence de presse du Président Biram Dah Abeid du 26 décembre 2024 relative aux démarches abjectes engagées par M. Mohamed Ahmed Ould Mohamed Lamine, Ministre de l’Intérieur, le silence n’est plus de mise.

Dans son exposé, Président Biram a expliqué d’une manière claire les propositions que le Ministre lui a faites á travers ses missionnaires pour obtenir le récépissé de son parti, la Refondation pour une Action Globale (RAG), en contrepartie. Il s’agit pour le Président Biram 1) de reconnaitre la victoire du Président Mohamed Oud Ghazouani lors des élections présidentielles de 2024, 2) de se séparer du Président Samba Thiam, Président des Forces Progressistes du Changement (FPC) en l’excluant de la coalition antisystème, 3) de reconnaître la culpabilité de l’ancien Président Mohamed Ould Abdel Aziz accusé de corruption et blanchissement d’argent.

Cette démarche qui comporte toutes les caractéristiques d’un chantage est une évidence que la Mauritanie est tout sauf un État de droit. Car ce n’est pas en échafaudant des lois que nous bâtissons un État de droit. Loin s’en faut. Un État de droit doit être en fait enraciné dans l’application effective, juste, indépendante et transparentes des lois. Encore faut-il que ces lois elles-mêmes soient justes. Puisque dans ce cas d’espace, nous avons une loi qui régit les partis politiques, alors appliquons la tout simplement.

Malheureusement, non seulement M. le Ministre a intentionnellement ignoré la loi, mais il en fait un instrument de pression pour priver des citoyens de leurs droits constitutionnels. Ce qui est en porte à faux avec un régime où les règles démocratiques jouent pleinement. Et le plus surprenant est l’erreur d’appréciation qu’il a faite sur le caractère du Président en pensant qu’il serait intéressé par un marché aussi vulgaire.

Par ailleurs, le fait de demander au Président Biram de reconnaitre la victoire du Président Ghazouani aux élections présidentielles 2024 est totalement indécent. Car aucun homme honnête ne doit inciter son semblable au mensonge. C’est anti-islamique et immoral. La réalité est que le Président Ghazouani n’a pas gagné, par conséquent il est inconcevable de s’attendre á une reconnaissance de la part du Président Biram qui est victime d’un coup d’état électoral.

S’agissant du Président Samba Thiam dont le Ministère a refusé de donner une suite á la demande reconnaissance de son parti, est un leader charismatique qui défend courageusement sa vision politique. La méthode grossière par laquelle le Ministre cherche à le faire séparer du Président

Biram est au-delà de tout entendement. Un bon compatriote ne divise les communautés – mais il les unit comme le Président Biram est entrain le démontrer á travers la coalition formidable qu’il a stratégiquement forgée au nom de l’intérêt national.

Quand á la culpabilité de l’ancien Président Aziz, ce n’est pas le Président qui est l’autorité judiciaire. Si le personnel des tribunaux est compétent, et que le système judicaire fonctionne de manière indépendante et transparente pourquoi aller chercher une validation extérieure á travers la personne du Président Biram ?

Enfin la démarche inouïe que le Ministre a engagée pour octroyer au Président Biram le récépissé de son parti est au-delà de tout entendement. Ce modus operandi qui viole d’une manière flagrante des droits garantis par la constitution est une évidence que nous sommes loin d’être pas un état de droit. Car les lois, au lieu d’être appliquées de manière juste et indépendantes, sont transformées en un instrument d’oppression — au service des intérêts particuliers. Il est opportun de rappeler qu’aucun appareil répressif, aussi fort prétend- il être ne peut jamais étouffer les aspirations profondes d’un peuple á la justice et á la liberté. Et les exemples sont innombrables. C’est pourquoi nous alertons l’opinion publique nationale et internationale sur les dangers du projet de loi courant qui donne des pouvoirs exorbitants au Ministre de l’Intérieur pour placer les partis politiques sous son joug, et les plier á sa volonté. Ce qui est aux antipodes de la mission attendue des partis
politiques.

 

Bakary Tandia, Human Rights Advocate
New York City, December 27, 2024

 

 

 

(Reçu à Kassataya.com le 28 décembre 2024)

 

 

 

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