Chinguetti 2024 : le festival de la honte qui fait vaciller des têtes

ThaqafaEn effet, Houssein Ould Medou est bien connu dans le milieu de la presse et dans le milieu universitaire, avant sa nomination qui a été unanimement saluée à la tête de la Haute Autorité de la Presse et de l’Audiovisuel (HAPA). Son parcours sans faute et l’aura dont il a été auréolé semble n’avoir pas pu le prémunir de la faune incrustée au sein du département de la Culture depuis des décennies. Il semble qu’il ait été la victime d’un entourage au sein du Ministère composé de responsables à qui il aurait fait beaucoup confiance.

L’organisation du festival de Chinguetti 2024 a été si lamentable que Ghazouani a interrompu son séjour dès la première nuit. Cela devrait avoir des liens avec le scandale qui a entouré la mésaventure du savant français Bernard Saison, dont les recherches archéologiques en Mauritanie, avaient permis la découverte de la vieille cité d’Azougui, l’ancienne capitale des Amoravides.

Mésaventure de Bernard Saison, savant et archéologue français

En effet, Bernard Saison, selon le récit en arabe piqué sur la page du journaliste Hacen Lebatt, a été invité par les organisateurs du Festival Chinguetti dans sa 13ème édition 2024. Malgré les excuses du savant qui a déclaré ne plus avoir la force des voyages vu son âge, il a plus de 80 ans, les organisateurs ont tenu mordicus à sa présence. Ils lui ont même promis un voyage par avion jusqu’à Atar, puis de là à bord d’un 4X4 confortable et climatisé jusqu’à Chinguetti. Contre mauvaise fortune bon cœur, Bernard Saison débarqua le vendredi 13 décembre 2024 à l’aéroport de Nouakchott vers 1 heure du matin par un vol de la Royale Air Maroc.

Une troupe chorégraphique – Crédit Ministère Culture

 

A son arrivée il n’y avait personne à son accueil. Il resta là, seul, blotti sur une des banquettes déglinguées et en fer de l’aéroport, chassé de l’intérieur par les gendarmes aux environs de 3 heures du matin. Il passa ainsi toute la nuit dans cette position.

Vers 9 heures du matin, il appela alors son vieil ami, le Professeur Abdel Weddoud Ould Cheikh, qui se trouvait en France. Sans tarder, ce dernier appela le chercheur Mohamed Vall Ould Bah Ould Hamed qui se rendit dare-dare à l’aéroport pour récupérer Bernard Saison.

Mohamed Vall Ould Bah appela quatre cadres responsables au sein du Ministère de la Culture. En vain ! Au cinquième numéro composé, il tomba sur le directeur du Musée National, Mohamed Mahmoud Ould Abbe Ould Ne qui, pour des raisons de santé, n’a pas pu se rendre à Chinguetti. Il leur demanda de se rendre à l’hôtel MauriCenter réservé aux invités du festival. Si le nom du savant français ne figurait pas sur la liste, il déclara être prêt à venir à l’hôtel et à prendre en charge son séjour.

Troupe folklorique d’Atar – Crédit Ministère de la Culture

 

A l’hôtel MauriCenter, le savant français eut le temps de récupérer des forces après une nuit de calvaire. Dans l’après-midi, il reçut la visite d’un cadre du ministère de la Culture qui lui demanda d’être prêt à 7 heures le lendemain pour embarquer à bord d’un avion à destination d’Atar

Mais les mauvaises habitudes chez nous ont la tête dure. Bernard Saison qui était prêt dès les premières heures de la matinée a dû attendre jusqu’à 9 heures avant de voir le cadre du Ministère se présenter à lui, l’air ensommeillé. Il expliqua avoir mal dormi à cause des préparatifs du festival d’où son réveil tardif. Puis, il dit au savant français qu’il a raté son vol mais qu’une voiture est à sa disposition pour le conduire jusqu’à Chinguetti. Le vieux professeur répondit qu’il ne pouvait pas voyager par la route. A l’écriture de ces notes, Bernard Saison est encore coincé à Nouakchott et tout ce qu’il souhaite, c’est de retourner chez lui.

Des milliards dilapidés en 3 jours et des invités mécontents

Toutes ces dépenses ostentatoires sont faites à Chinguetti pour un résultat nul, à l’heure où les malades dénoncent l’absence d’un scanner à l’hôpital Oncologique de Nouakchott menaçant ainsi la vie de plusieurs patients. Cela en dit long sur la gouvernance d’un régime dont le quinquennat et demi est marqué par la gabegie et l’impunité.

Face au tollé général soulevé par les Milliards de Chinguetti, les cercles du pouvoir se sont précipité pour expliquer que 12 milliards de l’enveloppe seront consacrés à la construction de la route Atar-Chinguetti, et que seuls 4 milliards ont été destinés à des infrastructures, à la modernisation de l’antique cité et à l’organisation du festival (transport des invités, logements, cachets des artistes, perdiums, frais de mission…)

Ce qui est sûr, des dizaines d’invités venus à Chinguetti n’ont pas eu de logements et n’ont bénéficié d’aucun accueil. Certains ont même dénoncé des détournements de badges. Des vidéos ont circulé sur la mauvaise organisation du festival et le diktat imposé sur les habitants de Chinguetti pourtant hôtes du festival et qui n’ont pas pu avoir accès à la manifestation.

Une partie du spectacle Sur Scène une griotte maure- Crédit Ministère Culture

 

D’ailleurs, tout le festival s’est résumé en des soirées ennuyeuses saupoudrées de folklore de basse facture, des discours pompeux et creux, quelques courses de bêtes de somme, un match de football, des stands artisanaux dont les tenants n’ont vendu le moindre objet.

Une véritable pagaille s’est aussi installée après le départ précipité du président Ghazouani, au grand dam des organisateurs d’autant que deux troupes, espagnole et marocaine, étaient attendus sur scène. Plusieurs personnalités ont même quitté la tribune, laissant des dizaines de chaises vides.

Par ailleurs, le directeur de l’ALESCO, Dr. Mohamed Ould Amar a fustigé le protocole, suggérant même la formation de jeunes hommes et de jeunes filles en plus des responsables du gouvernement dans ce domaine.

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Cheikh Aïdara

 

 

 

Source : Thaqafa (Mauritanie)

 

 

 

 

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