Le 360.ma – Vidéo – Après plus de 60 ans d’exploitation, les propriétaires des parcelles de la palmeraie de Sebkha n’ont toujours pas de titres fonciers, ce qui aiguise bien des appétits. Dans cet espace, unique régulateur climatique d’une ville cernée par le désert, la Société nationale de développement rural a initié un bornage de terrain, synonyme d’accaparement des terres. Il n’en fallait pas davantage pour distiller la peur parmi les cultivateurs de se voir privés de leur gagne-pain.
Créés en 1963 avec un lotissement de 72 parcelles, les jardins de Nouakchott, poumon vert de la capitale mauritanienne, sont restés longtemps source d’approvisionnement en légumes de la capitale mauritanienne. On y cultive carottes, choux, les oignon, menthe, les inévitables dattes et quelques arbres fruitiers. Cet espace joue le double rôle de production de fruits et légumes et de régulation climatique d’une ville cernée par le désert.
La récente plantation de bornes aux couleurs nationales sur lesquelles sont inscrites la Sonader, acronyme de la Société nationale de développement rural, a suscité des suspicions de la part des exploitants du poumon vert de Nouakchott qui craignent d’être dépossédés de leurs jardins, sources de leurs revenus.
Face à cette situation, ils ont tenu un sit-in devant le ministère des Domaines, des Biens de l’Etat et de la Réforme foncière, la semaine dernière, pour manifester leur opposition à toute cession de ces terres, qui remplissent une fonction économique, mais aussi de régulation sanitaire et environnementale, dans un contexte de changement climatique.
Les manifestants scandaient des slogans tels que «Non à la destruction de la palmeraie de Sebkha», «Mauritaniens, ensemble, sauvons la palmeraie de Sebkha» eu encore «Non à la destruction de notre environnement».
Omar MBow, membre du Collectif des exploitants, rappelle une présence historique «de ces jardins exploités depuis 1957 par la génération des grands pères, celle des pères et leurs descendants, qui sont là aujourd’hui, pour défendre leurs droits à un revenu régulier, mais aussi le droit des populations de Nouakchott à un espace vert, qui fait partie des normes nécessaires à un cadre de vie normale dans toutes les cités modernes.
Il invite le président de la République, «au respect de ses engagements en faveur de la protection de l’environnement, et exprime une grande surprise face à l’implantation des poteaux de la Sonader sur les lieux depuis la mi-novembre».
Pour sa part, Ismael ould Ramdane, exploitant, «les autorités doivent entendre les citoyens que nous sommes, et apprécier à sa juste valeur notre contribution à la vie de la communauté depuis plusieurs dizaines d’années». Il rejette catégoriquement la perspective d’une cession des jardins maraichers de Sebkha à la Sonader dans le cadre d’une opération pour laquelle le collectif des exploitants n’a pas été consulté.
Discours identique de la part de Mamadou Djibi Diallo, qui déclare «nous invitons les plus hautes autorités pays à préserver et protéger nos droits sur cet endroit que nous exploitons et entretenons de pères en fils, depuis plusieurs générations. Toute opération relative à ces terres doit faire l’objet d’une concertation».
Les jardins maraichers de Sebkha, implantés au cœur de la capitale mauritanienne attise les convoitises de nombreux acteurs, notamment les prometteurs immobiliers qui souhaitent y construire des immeubles d’habitation et surtout des commerces.
Amadou Seck (Nouakchott, correspondance)
Source : Le 360.ma (Maroc)
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