Le Pays – Ils sont huit, de nationalités syrienne et irakienne. Ils sont membres de l’État islamique (EI) et ont été arrêtés en juillet dernier en Afrique. Notamment en Côte d’Ivoire et à Madagascar, d’où “ils voulaient rallier l’Europe”. La raison de leur interpellation est qu’ils sont soupçonnés de participation à un projet d’attentat contre les Jeux olympiques de Paris, qui se sont fort heureusement tenus sans couac, du 26 juillet au 11 août.
Toujours est-il que c’est grâce à l’appui des services de renseignement américains et français, qui les suivaient à la trace depuis des mois, que les autorités ivoiriennes et malgaches ont réussi à mettre le grappin sur les suspects. Un exemple de bonne collaboration internationale qui est d’autant plus à saluer que cela a permis d’intercepter ces collaborateurs de Daech qui sont loin d’être des enfants de chœur, au regard des intentions qui étaient les leurs.
En tout cas, leurs mouvements, aussi loin de leur base, sont la preuve que loin d’abdiquer malgré sa défaite en 2019, l’organisation d’Abou Bakr Al-Baghdadi reste encore active dans le monde si elle n’est pas en quête de nouveaux territoires. Et dans le cas d’espèce, certaines sources indiquent que ces individus formaient un réseau de facilitateurs pour l’obtention de faux papiers et de titres de voyage pour les membres de l’organisation djihadiste, avec pour objectif de faciliter la relocalisation de membres dans certaines zones, notamment en Europe.
Lutter contre la pieuvre tentaculaire
Quoi qu’il en soit, la présence d’un tel réseau en Afrique est d’autant plus source d’inquiétudes que, en plus de la faiblesse de nos renseignements, nos pays sont connus pour la porosité de leurs frontières. C’est pourquoi, loin d’être anodin, ce coup de filet des autorités ivoiriennes et malgaches est un acte qui mérite d’être salué à sa juste valeur. C’est la preuve que l’Afrique, considérée à tort ou à raison comme le maillon faible de la lutte contre le terrorisme, est loin d’être la passoire que d’aucuns s’imaginent.
C’est aussi la preuve que dans cette guerre asymétrique qu’imposent les forces du mal, le renseignement reste et demeure la première arme. Et avec de l’organisation et de la méthode et en synergie d’actions avec d’autres partenaires, l’Afrique est capable de relever le défi de la lutte contre la pieuvre tentaculaire qui se moque éperdument des frontières. C’est le lieu d’inviter nos pays à toujours garder l’arme au pied en faisant preuve d’une vigilance accrue de tous les instants.
Car l’ennemi a plus d’un tour perfide dans son sac. Si bien que nul n’est aujourd’hui à l’abri de ces individus sans foi ni loi. Autrement, pourquoi transiter par l’Afrique là où des voies plus directes existent entre le Moyen-Orient et l’Europe ?
Vigilance et efficacité des services de sécurité
En tout cas, à Abidjan comme à Antananarivo, la saisie de faux documents en sus du nombre élevé de cartes SIM trouvées en possession des suspects est déjà un début de preuve de leur implication dans des activités douteuses. De quoi convaincre même les plus sceptiques que quelque chose de louche se tramait. Et, pour une organisation comme l’EI qui cherche à se réorganiser, l’on imagine déjà le retentissement qu’aurait eu un acte de sabotage sur les JO de Paris, au-delà des dégâts matériels et humains que cela aurait pu provoquer.
C’est pourquoi on ne saluera jamais assez la vigilance et l’efficacité des services de sécurité ivoiriens et malgaches, qui ont permis de déjouer, sans tambour ni trompette, un plan machiavélique qui aurait pu emporter de nombreuses vies humaines, quand on se rappelle l’attaque du Bataclan qui avait fait pas moins de 90 morts dans la capitale française, en novembre 2015.
En tout état de cause, la lutte contre le terrorisme est une lutte de longue haleine. Et le démantèlement de ce réseau international est la preuve que le terrorisme n’est pas invincible, pour peu que les pays acceptent de se donner la main dans une volonté de franche collaboration.
Le Pays (Ouagadougou)
Fondé en octobre 1991, ce journal indépendant est rapidement devenu le titre le plus populaire du Burkina Faso. Il multiplie les éditoriaux au vitriol. Il se présente comme un quotidien indépendant d’information générale et républicain.
Source : Courrier international (France)
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