le premier ministre Choguel Kokalla Maïga a été limogé, mercredi 20 novembre, avec son gouvernement. Nommé en juin 2021, au lendemain du deuxième coup d’Etat mené en moins d’un an par M. Goïta à Bamako, il a été remplacé jeudi par le général Abdoulaye Maïga, jusqu’ici ministre de l’administration territoriale et de la décentralisation. Proche du général Goïta, celui-ci faisait figure de premier ministre bis face à un Choguel Maïga marginalisé depuis de long mois par les putschistes.
Le vernis civil du régime militaire malien a craqué. Quatre jours après s’être livré à une violente critique de la junte dirigée par le général Assimi Goïta,Leurs relations n’ont cessé de se dégrader, jusqu’à atteindre un point de non-retour le samedi 16 novembre. Ce jour-là, à Bamako, face à ses partisans du Mouvement du 5 juin-Rassemblement des forces patriotiques (M5-RFP, le mouvement à la pointe de la contestation populaire du printemps 2020 qui a précipité le renversement du président Ibrahim Boubacar Keïta par les militaires), Choguel Maïga a dénoncé la décision « unilatérale » de la junte de prolonger la période de transition.
« Ce n’est pas normal dans un gouvernement. Le premier ministre ne peut pas apprendre dans les médias que les élections [initialement prévues en février 2024] sont reportées sans débat au sein du gouvernement », a-t-il tancé, affublé d’un treillis sable, lui qui, avant sa nomination à la tête de l’exécutif, avait maintes fois critiqué la militarisation du pouvoir. Dans la foulée, plusieurs organisations de la société civile pro-junte ont appelé à l’éviction de ce vieux routard de la politique malienne, plusieurs fois ministre et candidat à la magistrature suprême à trois reprises (2002, 2013 et 2018). Cela a finalement été chose faite mercredi soir, après que le conseil des ministres hebdomadaire a été reporté à la dernière minute.
Mais la junte n’a pas réduit son ancien allié au silence pour autant. « Certaines institutions de la transition se sont organisées pour cibler le premier ministre. Tout a été mis en œuvre pour l’affaiblir. Rien ne lui a été épargné ! Il fallait coûte que coûte l’éliminer politiquement », a-t-il dénoncé dans un message publié sur sa page Facebook dans la nuit de mercredi à jeudi. Un sens de la formule longtemps mis au service des putschistes, tant pour cibler la classe politique que la communauté internationale – à commencer par la France, qu’il avait accusée d’« abandon en plein vol » à la tribune des Nations unies en décembre 2021.
Marginalisation
« Après que Choguel Maïga a coupé les ponts avec une bonne partie de la communauté internationale, la mission que la junte lui avait assignée était terminée. Ils l’ont ensuite mis de côté », analyse un homme politique malien. En août 2022, le fougueux premier ministre est victime d’un accident vasculaire cérébral. Son hospitalisation permet à la junte de l’éloigner du pouvoir pendant plusieurs mois, tout en faisant croître l’influence d’un de ses rivaux, rallié à la cause des colonels putschistes après leur prise du pouvoir : l’ex-ministre d’Etat et désormais chef de gouvernement Abdoulaye Maïga.
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