Par la présente déclaration, nous condamnons fermement la montée inquiétante des violences et des abus commis contre les citoyens en Mauritanie. La sécurité et la dignité de ces derniers est mise en péril de façon permanente dans leur propre pays.
Depuis plusieurs mois, nous avons dénoncé les discriminations et les inégalités flagrantes dans les réformes éducatives, qui compromettent l’avenir de nos enfants. Nous avons également alerté sur les violences ayant causé des morts dans des commissariats, ainsi que sur les agissements abusifs et répressifs de certains membres des forces de l’ordre.
Les bavures policières, les agressions répétées contre des citoyens, notamment des parents d’élèves et des femmes manifestant pacifiquement, illustrent un climat d’impunité. Ces comportements, où des agents encagoulés agissent tels des gangs, sont indignes d’une République qui se veut protectrice de ses citoyens.
Aujourd’hui, un nouveau seuil d’intolérable a été franchi : des enseignants, garants de l’éducation et de la construction de la société, sont humiliés et violentés.
En effet, le mardi 12 novembre 2024, la police a violemment réprimé un sit-in organisé par des parents d’élèves qui manifestaient pacifiquement pour dénoncer la situation précaire de l’école publique où les autorités ont obligé les mauritaniens à envoyer leurs sans aucune garantie de qualité. Le jeudi 14 novembre 2024, des enseignants ont manifesté pacifiquement pour réclamer la satisfaction de leur plateforme revendicative déposée au ministère de l’Éducation et de la Réforme du système éducatif. Ils ont été violentés et humiliés. Un instituteur a été sauvagement giflé par un policier que nous considérons sans vergogne.
Nous dénonçons avec force l’agression sur ce brave éducateur, giflé en public par un policier, dans un acte humiliant qui porte atteinte à la dignité des éducateurs et, par extension, à toute la nation mauritanienne. Ce geste, commis contre un enseignant manifestant pacifiquement à proximité du palais présidentiel, est une insulte à la fois à la corporation des éducateurs et à l’honneur des forces de l’ordre.
Par ailleurs, nous attirons l’attention sur les exactions récurrentes dans certains quartiers de Nouakchott tels que Sebkha, El Mina et Arafat, où résident majoritairement les communautés noires. Ces quartiers sont le théâtre d’abus où des jeunes citoyens sont arrêtés arbitrairement, piétinés et entassés dans des pick-up des forces de sécurité, dans des actes de violence délibérés et gratuits. Ces pratiques brutales et injustifiées engendrent une frustration profonde et poussent de nombreux jeunes à fuir le pays en quête d’un avenir ailleurs.
Nous appelons les autorités publiques à prendre leurs responsabilités pour mettre un terme à ces violences et à l’impunité qui gangrènent nos institutions. Les forces de l’ordre, censées garantir la sécurité et la paix, doivent retrouver leur rôle de protectrices des citoyens, non de bourreaux.
En saluant l’expression de solidarité de la ministre de l’Éducation nationale envers les enseignants suite à l’agression dont ils ont été victimes, ces derniers jours alors qu’ils manifestaient pacifiquement pour leurs droits, nous exigeons :
• Une enquête rigoureuse et transparente sur ces événements.
• Des sanctions exemplaires contre les auteurs de ces actes de violence, afin de restaurer la confiance des citoyens en leurs institutions.
• Des réformes profondes pour garantir un encadrement adéquat des forces de l’ordre et prévenir de tels abus à l’avenir.
Ceci est pour nous un appel fort à l’ensemble des responsables : le respect des droits fondamentaux des citoyens, la justice et l’équité doivent être les piliers de notre République. La Mauritanie ne peut prospérer que dans un climat de paix, de respect mutuel et de justice sociale.
Fait à Columbus, Ohio, le 17 novembre 2024.
Assa Diagana,
Présidente de l’Association des femmes Leaders pour l’Egalité et la Justice
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