Mauritanie – Guidimakha : des voitures sans plaques d’immatriculation tuent impunément

Le 12 octobre 2024, le Guidimakha a pleuré DIOUM El Housseine, paix éternelle à son âme. Le jeune père de famille, à la fleur de l’âge a été emporté ce jour-là par un terrible accident de la route. Alors qu’il était à moto sur une route très dégagée, il a été violement percuté par une voiture 4×4 de trafiquants illégaux de riz entre le Sénégal et la Mauritanie.

Ce véhicule roulait vraisemblablement à vive allure, le médecin légiste ayant constaté que la victime était décédée sur le coup. El Housseine laisse derrière lui une veuve, deux enfants au bas âge et une ville de Selibaby orpheline car il était très actif dans la commune dans plusieurs domaines (humanitaire, social, culturel, éducatif, environnemental et sportif). Malheureusement, El Housseine Dioum est une victime de plus.

Au Guidimakha, des voitures renversent mortellement des citoyens depuis plusieurs années, laissant des familles entières dévastées et en deuil. Rien qu’en 2024, la région compte au moins trois morts par accident de la route. Goynit, Artoumo, Tachott, Diogountouro, Selibaby …quasiment toutes les localités sur les axes goudronnés sont concernées par ce problème. Des accidents de voiture, il y en a partout dans le monde mais le cas de ceux qui se produisent dans le Guidimakha mauritanien ont quelque chose de particulier.

En effet, les tueurs sur les routes du Guidimakha sont des commerçants trafiquants illégaux de riz entre le Sénégal et la Mauritanie qui utilisent des voitures 4×4 sans plaques d’immatriculation roulant à vive allure. Ils commettent leur forfait, prennent la fuite et lorsqu’ils sont appréhendés, ils se présentent à la famille de la victime pour chercher une solution à l’amiable alors que les proches de l’accidenté n’ont même pas encore fini de faire leur deuil.

Ces voitures accidentogènes qui tuent au Guidimakha créent un sentiment de peur, de colère et de frustration parmi les populations qui se sentent reléguées au second plan. Certains habitants ont l’impression que leur vie compte moins que celle des commerçants illégaux de riz qui ne s’intéressent qu’à l’économique.

Face à cette situation tragique et alarmante, nous avons voulu alerter les élus du Guidimakha. A notre demande (la famille Dioum et proches), Ils nous ont reçu très rapidement le 22 octobre 2024 à l’hôtel Wagadou de Selibabi. Etaient présents à la réunion : le président du Conseil Régional, M. Issa Coulibaly ; les députés Sidney Sokhona, Hapsatou Yaya Kane, Yakharou Soumaré, Moussa Dia, Almamy Ilo Ba,Tombé Kamara et les maires Ama Ba, Boubou Anssoumane Diawara et Bakary Gandéga.

Nous avons expliqué à notre assemblée que l’absence de plaques d’immatriculation sur les voitures donnerait aux chauffeurs, un sentiment de puissance, d’impunité et en quelques sortes un permis de tuer. Empathiques, tous après avoir renouvelé leurs condoléances et leur compassion à la famille Dioum ont jugé la circulation de véhicules sans plaques d’immatriculation au Guidimakha hors la loi et inacceptable. Ils ont alors promis d’en référer au Wali du Guidimakha dès la fin de la réunion. Ils ont également pris la décision de saisir le ministre du transport pour satisfaire la deuxième doléance de notre plaidoyer à savoir la mise en place des ralentisseurs de type dos d’ânes sur les principaux axes routiers de Selibaby.

Au lendemain de la rencontre avec les élus du Guidimakha, la famille Dioum, accompagnée de ses proches et du maire de Sélibabi Oumar Hamadi Ba, est allée voir le Wali du Guidimakha, M. Ahmed Mohamed Mahmoud Ould Dieh. Ce matin du 23 octobre 2024, le gouverneur a bien confirmé que les élus du Guidimakha lui avaient rapporté les doléances citées précédemment. Nous avons tout de même insisté sur l’immatriculation des véhicules qui commettent chaque année des meurtres des plus atroces au Guidimakha. Nous lui avons signalé que le numéro d’immatriculation de son véhicule garé devant son bureau ne nous a pas échappé, lui qui est la première autorité de la région. Pourquoi alors des voitures de commerçants circulent sans plaques d’immatriculation au vu et au su des services de douanes, du préfet, et de toutes les autorités, lui y compris ? M. Ould Dieh, lui aussi après avoir écouté notre plaidoirie, nous avait présenté ses condoléances et nous avait promis qu’il allait mettre rapidement une plaque d’immatriculation sur chaque voiture au Guidimakha.

Des jours et des semaines sont passés depuis notre rencontre avec le gouverneur du Guidimakha mais des véhicules 4×4 continuent toujours de rouler à Selibaby sans un seul chiffre ni une seule lettre à l’avant et à l’arrière. Ce temps qui passe laisse croire que les mains du Wali Ould Dieh tremblent quand il s’agit de trancher sur l’immatriculation des voitures des commerçants, trafiquants illégaux de riz qui roulent dans sa région. Ainsi, notre incompréhension des règles de la circulation routière au Guidimakha demeure totale. Nous en appelons alors aux plus hautes autorités du pays et des parlementaires de tout bord d’œuvrer pour résoudre ce problème afin de sauver des vies au Guidimakha.

 

 

 

 

Ibrahima Samba DIOUM

Professeur d’économie-gestion

Académie de Paris

 

 

 

 

(Reçu à Kassataya.com le 15 novembre 2024)

 

 

 

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