« Le maintien de la mobilité des élevages est crucial pour la fourniture en viande de l’Afrique de l’Ouest » (expert)

Agence Ecofin – Les flux transfrontaliers en Afrique de l’Ouest jouent un rôle important dans la connexion entre les pays déficitaires et ceux qui affichent un excédent dans les produits agricoles. Au-delà des céréales, de l’oignon… la filière bétail-viande est également au cœur des échanges.

En Afrique de l’Ouest, les politiques publiques devraient s’accentuer sur la promotion de la mobilité des systèmes d’élevage afin de garantir l’approvisionnement en viande des marchés locaux. C’est ce qu’estime Christian Corniaux, directeur-adjoint de l’Unité de recherche Selmet du Cirad.

Contrairement aux produits laitiers dont les importations sont en forte hausse, le responsable indique que les importations extra-communautaires de viande rouge restent faibles grâce à la mobilité des systèmes permettant aux éleveurs de descendre vers les zones côtières, notamment en saison sèche, et de réduire les coûts de production.

« Le maintien de la mobilité des élevages est crucial pour la fourniture en viande de l’Afrique de l’Ouest. Aujourd’hui, on continue de consommer de la viande rouge et on importe très peu. Ce qui bloque les importations massives, c’est le fait que les systèmes pastoraux produisent de la viande rouge de qualité, compétitive et pas chère. Dans l’espace CEDEAO, il y a une véritable circulation de la viande de bœuf, de mouton et de caprins. S’il y a un marché qui est bien intégré à l’échelle de la CEDEAO, c’est bien le marché de la viande avec le Nigeria, le Mali, le Niger, le Burkina Faso, la Mauritanie et d’une manière plus large le Tchad dont les produits sont consommés sur les marchés ouest-africains », indique-t-il.

Dans un tel contexte, les restrictions des déplacements des troupeaux sur fond d’insécurité croissante et de conflits entre agriculteurs et éleveurs posent des défis majeurs pour le développement des chaînes de valeur bétail-viande.

« Il y a de plus en plus d’appels sur l’arrêt de la mobilité au Bénin, au Nigeria et en Côte d’Ivoire. Mais si on interdit cela, il va falloir nourrir les animaux à la loge et payer l’aliment. Avec cela, la viande va devenir chère et on risque de se retrouver avec des importations de viande congelée.  Avec la croissance démographique, l’urbanisation et la diminution des distances des parcours, cela devient très compliqué pour les pasteurs sahéliens de continuer à se déplacer vers les pays côtiers », explique M. Corniaux. 

Pour rappel, selon les données de la FAO datant de 2022, le pastoralisme fournit 60 % de l’offre de viande et des produits laitiers en Afrique de l’Ouest.

Espoir Olodo

Source : Agence Ecofin

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