Deutsche Welle – Au cours des dix dernières années, la Banque mondiale, à travers le projet régional d’appui au pastoralisme au Sahel, a décaissé plus d’un milliard de dollars pour soutenir le pastoralisme et l’élevage au Sahel et en Afrique de l’Ouest. Ces investissements ont-ils amélioré les conditions de vies des éleveurs ? Elhadji Adama Touré est directeur Agriculture et alimentation pour l’Afrique de l’Ouest et du centre à la Banque mondiale.
« Nous sommes sur la bonne voie et certains pays, comme la Mauritanie, ont atteint 34% d’augmentation des revenus. Dans d’autres pays, un peu moins et, peut-être même, en dessous de l’objectif », dit M. Touré.
Le pastoralisme, qui assure 90% de la viande rouge et 70% du lait consommés au Sahel, souffre de l’insécurité et du fait que les groupes djihadistes contrôlent une partie du Sahel.
Insécurité et conflits
Aux tensions traditionnelles entre éleveurs et agriculteurs, s’est donc ajoutée l’action de ces groupes qui font obstacle aux transhumances. Sidi Maouloud, président de l’association des producteurs de lait et de viande en Mauritanie. « Je pense qu’à ce niveau, l’impact a été très grave. Les éleveurs mauritaniens, à partir du mois d’avril, vont au Mali. Ils ne reviennent qu’après cinq ou six mois. Il y en a même certains qui restent là-bas. Cet impact est extrêmement grave », explique-t-il.
Au Sahel, certaines communautés d’éleveurs, comme les peuls, sont par ailleurs stigmatisées et accusées, le plus souvent à tort, de combattre au sein des groupes djihadistes. Pour Dodo Boureima, responsable d’une association de promotion de l’élevage dans 13 pays africains, il faut éviter toute forme d’amalgame qui viserait certaines communautés.
« Il ne faudrait pas lier l’élevage pastoral à l’insécurité que nous vivons actuellement. Toutes les communautés sont dans ces mouvements-là. Quand on fait l’amalgame entre pastoralisme et insécurité, il y a un problème. »
L’élevage représente 10% à 15% du PIB des pays sahéliens. Le grand enjeu reste alors la sécurité de ce secteur. Elhadji Adama Touré, directeur agriculture et alimentation pour l’Afrique de l’Ouest et du centre à la Banque mondiale. « On est à la croisée des chemins, qui nécessite que les tensions inhérentes à l’évolution des sociétés puissent être gérées. Comment insérer le pastoralisme dans l’évolution de l’activité économique, c’est-à-dire la modernisation, la stabulation ? etc… »
En plus de l’insécurité, les éleveurs du Sahel souffrent aussi du changement climatique qui réduit de plus en plus leur zone de pâturage et accroit ainsi les tensions avec les agriculteurs.
Source : Deutsche Welle (Allemagne)
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