L’agenda politique de ces cinq dernières années octroie une place de choix au projet de réforme du système éducatif national. La loi 2022-023 portant loi d’orientation du système éducatif national consacre cette volonté de semer les graines d’un nouveau type de mauritanien et d’une nouvelle Mauritanie.
Le but de la réforme serait, entre autres, d’ancrer l’enseignement dans les cultures locales et de progressivement mettre en place une école unifiée de qualité et gratuite avec un programme commun pour toutes les mauritaniennes et tous les mauritaniens. Un objectif, à priori, salutaire et louable malgré des désaccords de fond qui persistent au sein de la classe politique.
Toutefois, quelle crédibilité faut-il accorder aux autorités quand les actes qui s’en sont suivis sont ceux qu’on connait. La rentrée scolaire 2024-2025, sensée marquer l’entrée en vigueur pleine de la loi d’orientation, a davantage accentué le séparatisme entre les couches de nos populations les plus pauvres et celles en capacité de se passer du service public.
En effet, cette année devrait voir se concrétiser l’école républicaine unifiée pour les classes AF1 et AF2 de l’école fondamentale sur toute l’étendue du territoire. C’est-à-dire qu’il était interdit aux écoles privées de dispenser des cours pour ces deux niveaux scolaires.
Le 08 Octobre dernier, la ministre de l’éducation nationale et de la réforme du système de l’enseignement avait réhabilité sept écoles privées, parmi les plus huppées du secteur, alors que la rentrée scolaire avait eu lieu le 07 Octobre, sous prétexte qu’elles attendent une homologation de l’ambassade de France.
Ce rétropédalage des autorités peut s’apparenter à une trahison tant les conséquences sont néfastes et contraires aux aspirations de la loi d’orientation. En effet la carte scolaire qui, in fine, se dessine est celle qui envoie les seuls enfants des riches dans les écoles privées hors de prix, et le reste de la population à qui il est fait obligation d’aller dans une école publique, qu’ils n’arrivent ou ne veulent visiblement pas mettre aux normes.
Aussi, à moyen et long terme, quel impact pourrait avoir une réforme du système éducatif si près d’une dizaine d’écoles, formant -il ne faut pas se leurrer – l’essentiel de l’élite de demain, sont dispensées du programme commun national ?
Quelle souveraineté pour notre Etat qui permettrait à un pays étranger d’autoriser l’ouverture de près d’une dizaine d’écoles avec son programme scolaire sur notre territoire ? Imaginons que plusieurs pays étrangers le fassent.
En réalité, ces tâtonnements et ces prétextes masquent mal les défaillances et le manque de préparation, pour ne pas dire de sérieux, de nos autorités pour une question aussi cruciale que l’éducation et l’avenir de nos enfants et de la Mauritanie.
Cercle Citoyen des Jeunes Mauritaniens
CCJM
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