Courrier international – Le précédent bilan, qui datait de mercredi soir, faisait état de 95 morts, mais les autorités n’avaient pas caché qu’il fallait s’attendre au pire, la ministre de la Défense, Margarita Robles, ayant affirmé jeudi matin qu’il y avait encore « beaucoup de personnes portées disparues ».
Sur ce total, 155 décès ont eu lieu dans la seule région de Valence, de loin la plus endeuillée par les torrents de boue qui ont ravagé mardi soir et dans la nuit de mardi à mercredi cette région très touristique. A quoi il faut ajouter deux morts dans la province voisine de Castille-La Manche et un en Andalousie.
Le soleil brillait pourtant jeudi, 48 heures après la tragédie, produisant un contraste frappant avec le spectacle de désolation qu’offraient toutes les localités de la zone.
Á Paiporta, une ville martyre de 25.000 habitants de la banlieue sud de Valence, au moins 62 personnes ont péri, selon la maire, Maribel Albalat.
Encore abasourdis, les résidents tentaient de nettoyer les rues, couvertes d’une boue visqueuse, dans un véritable décor de fin du monde. « Il n’y a plus un commerce debout », a déclaré David Romero, un musicien de 27 ans, à une journaliste de l’AFP.
Levée de l’alerte rouge à Castellón
En visite à Valence, capitale de la région éponyme, le Premier ministre Pedro Sánchez a souligné avec force que l’épisode de mauvais temps n’était « pas terminé » et appelé les habitants de cette région à « rester chez eux » et à « ne pas sortir ».
Il se référait à une « alerte rouge » (niveau d’alerte maximale synonyme de risque extrême) lancée jeudi matin par l’Agence nationale de météorologie (Aemet) pour certaines zones de la province de Castellón, située juste au nord de celle de Valence, où de fortes pluies sont tombées.
L’alerte a toutefois été levée dans l’après-midi, passant à l’orange, ce qui traduit une diminution du danger.
Plus de 1.200 militaires sont déployés sur le terrain, principalement dans la région de Valence, aux côtés de pompiers, policiers et secouristes qui cherchent à localiser d’éventuels rescapés et s’efforcent de déblayer les zones sinistrées.
M. Sánchez a souligné que « la priorité » était de retrouver à la fois « les victimes et les disparus », là encore sans en préciser le nombre.
La venue de M. Sánchez à Valence, où il a rendu visite au Centre de coordination des secours (Cecopi), a coïncidé avec le premier des trois jours de deuil national décrétés par le gouvernment de gauche espagnol.
Le Premier ministre avait été précédé à Valence par le chef du Parti populaire (PP, opposition de droite), Alberto Núñez Feijóo, venu apporter son soutien au président de la région, Carlos Mazón, membre de son parti, sur la sellette depuis mercredi en raison d’un retard aparent dans l’alerte donéne aux habitants.
Selon les autorités, des milliers de personnes sont toujours privées d’électricité dans la région. De nombreuses routes restent par ailleurs coupées, alors que d’innombrables carcasses de voitures jonchent les routes, couvertes de boue et de débris.
Nuit de cauchemar
« Je n’aurais jamais pensé vivre ça », a confié à l’AFP Eliu Sánchez, habitant de Sedavi, commune de 10.000 habitants dans la banlieue de Valence, racontant une nuit de cauchemar.
« Nous avons vu un jeune homme dans un terrain vague réfugié sur le toit de sa voiture », raconte cet électricien de 32 ans. « Il a essayé de sauter » sur un autre véhicule, mais le courant « l’a emporté », lâche-t-il.
Paiporta (Espagne) (AFP)
Source : Courrier international (France)
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