Courrier international – Une perte de 8 % de sa base d’abonnements numériques payants, soit 200 000 lecteurs qui se sont désabonnés en seulement trois jours, c’est le prix que paie actuellement le Washington Post pour s’être abstenu de publier son “endorsement”, soit une déclaration de soutien à la candidate démocrate, Kamala Harris, à l’élection présidentielle du 5 novembre, révèle le site NPR.
Ces chiffres ont été communiqués au site de la radio publique le 28 octobre, mais le bilan final des désabonnements pourrait être encore plus important.
Le 25 octobre, William Lewis, directeur de la publication du “Washington Post”, a annoncé que le titre ne soutiendrait finalement pas de candidature, une première depuis 1988. Il a invoqué la volonté de “revenir aux sources” du journal, qui a pendant longtemps refusé de prendre parti pour un camp politique.
Cette nouvelle a pris de court l’ensemble du comité éditorial, l’“endorsement” de Kamala Harris ayant “déjà été rédigé”, et le quotidien ayant publié, à plusieurs reprises, des éditoriaux “dépeignant Donald Trump comme une menace pour la démocratie américaine”, précise NPR. Le quotidien de la capitale fédérale avait notamment soutenu Joe Biden en 2020, et Barack Obama en 2012 et en 2016.
La décision aurait été motivée par le milliardaire Jeff Bezos, propriétaire du Washington Post depuis 2013. Il s’en est expliqué dans une tribune publiée ce 29 octobre dans les colonnes du quotidien de la capitale fédérale américaine, disant vouloir éviter que son journal soit perçu comme “[politiquement] biaisé” et estimant que les déclarations de soutien n’avaient de toute manière que “peu d’influence” sur le choix des électeurs.
Important revers
Depuis, poursuit NPR, le quotidien est “secoué par un raz-de-marée” de résiliations d’abonnements numériques et une “série de démissions” de certains de ses chroniqueurs, y compris de grandes plumes comme David Hoffman, lauréat d’un prix Pulitzer cette année, qui a annoncé quitter le comité éditorial mais rester travailler à la rédaction du quotidien. Au total, 21 chroniqueurs du journal ont signé un texte de protestation publié sur le site du journal.
Cette crise tombe mal pour le quotidien, qui venait tout juste de sortir la tête de l’eau après une période de difficultés économiques, analyse Business Insider, qui y voit un “important revers” pour le directeur de la publication, Will Lewis, en poste depuis moins d’un an.
De fait, l’année 2024 semblait être celle du renouveau pour le Washington Post puisque le quotidien “avait augmenté le nombre de ses abonnés numériques” pour la première fois en trois ans, après avoir “perdu 77 millions de dollars [71 millions d’euros]” au cours de l’année 2023, précise le site.
Surtout, cette décision, intervenue juste après celle du Los Angeles Times de ne pas publier d’“endorsement”, “ravive la crainte que les médias s’autocensurent” par peur de l’ancien président Donald Trump, qui a “publiquement appelé à la vengeance contre ses ennemis”, note Business Insider.
Source : Courrier international (France)
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