Le combat désespéré de Fadoul Saleh, un éleveur tchadien

L'éleveur tchadien de 73 ans, fait face à la pire année de sa vie. Entre sécheresse et inondations dévastatrices, il a perdu tout son bétail, sa seule source de subsistance.

Deutsche Welle – Toute sa vie, Fadoul Saleh a suivi la tradition des bergers nomades, se déplaçant au rythme des saisons pour trouver des pâturages pour son bétail. Au début de l’année, il avait plus de 100 vaches.

Mais aujourd’hui, sa vie est bouleversée par des événements climatiques extrêmes. « Rien que cette année, la sécheresse m’a fait perdre 70 têtes de bétail », confie-t-il, assis à l’ombre d’un arbuste, aux abords de N’Djamena, sur la voie menant à Moundou.

Ses traits sont marqués par l’épuisement. Ses yeux fixent un troupeau de vaches non loin de lui, mais aucun des animaux ne lui appartient.

Comme des milliers d’autres, cet éleveur originaire de Kadar, non loin d’Abéché, dans l’est du Tchad, est pris au piège du changement climatique, luttant pour survivre dans un environnement de plus en plus hostile.

Des inondations dévastatrices

 

Les premières pluies de la saison, qui auraient dû lui apporter un peu d’espoir et le soulager, se sont transformées en cauchemar. Des inondations dévastatrices ont emporté les 35 dernières vaches qui représentaient tout ce qu’il possédait.

« C’est la désolation », murmure Saleh. « C’était un matin, il faisait encore sombre. Les inondations ont emporté le reste de mes animaux, et même dans ma famille, nous avons perdu des proches. Les eaux ont tout emporté, des camions aux arbres. »

Le père de famille de cinq enfants n’a plus de quoi survivre. Le Tchad, comme l’ensemble de la région sahélienne, est en proie à des pluies diluviennes entraînant des inondations prolongées. Et le pays n’est pas encore sorti d’affaire.

Ce 4 octobre 2024, le fleuve Chari, qui traverse la capitale et une bonne partie du pays, a atteint huit mètres dans la capitale, un niveau inédit, gonflé par les importantes précipitations qui s’abattent sur le pays.

Alors que les inondations ont déjà fait près de 600 morts et affecté près de deux millions de personnes, la capitale N’Djamena fait désormais face aux crues fluviales.

Saleh se souvient que les périodes de fortes chaleurs ont souvent été suivies par des pluies violentes. « Mais cette année est exceptionnelle », explique-t-il.

Une année marquée par des vagues de chaleur

 

En effet, entre février et avril, des températures de plus de 45°C ont été enregistrées, réduisant à néant les maigres ressources naturelles. Saleh n’est pas le seul à souffrir. Comme lui, de nombreux éleveurs se battent pour survivre dans un environnement où l’eau et les pâturages se font plus rares à cause des sécheresses prolongées.

« Nos zones pastorales sont vastes, mais elles sont dégradées, et il y a un manque cruel d’eau. Nous sommes contraints de nous déplacer sans cesse », explique-t-il avant d’ajouter qu’« Il y a trop de pression, trop de bétail pour des ressources limitées. »

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Kossivi Tiassou

Source : Deutsche Welle (Allemagne)

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