La quête du sommeil parfait… à en faire des insomnies

Courrier international  – Nos existences contemporaines sont peuplées de chiffres. Nombre de pas que l’on fait dans la journée, de kilomètres parcourus et d’étages montés, fréquence des battements de notre cœur… Cette quête de la performance a envahi jusqu’à notre lit, puisque de plus en plus d’individus surveillent la qualité de leur sommeil, en quête du parfait « repos ». Une quête épuisante en plus d’être vaine, explique le quotidien britannique « The Guardian ».

 

Avant de dormir, chacun a ses petits rituels

Il y a ceux qui suivent méthodiquement leur “skin care” du soir, ceux qui lisent une histoire ou ceux qui somnolent devant un film (avant de trouver le courage de cheminer du sofa au lit).

Et puis il y a ceux qui règlent leur montre connectée pour surveiller leur activité nocturne.

Car aujourd’hui, la quête de la performance est partout. Jusqu’au creux de la nuit. Mais cette recherche du sommeil parfait n’est pas sans risque, raconte The Guardian.

“Bienvenue dans le monde de l’orthosomnie”, raille le quotidien britannique. Qu’est-ce que l’orthosomnie ? L’obsession malsaine pour atteindre “le sommeil parfait”. Obsession généralement pilotée par une montre ou un smartphone.

“Le sommeil parfait n’existe pas vraiment. Il n’y a pas de recette infaillible, et la microgestion des données ne fait qu’engendrer du stress. Ce qui compte, c’est : comment vous sentez-vous ?” affirme Katie Fischer au quotidien britannique “The Guardian”.DESSIN D’AMR BO SHANAB/SCIENCE PHOTO LIBRARY/ AFP

 

C’est dans le cadre d’une étude publiée dans le Journal of Clinical Sleep Medicine que des chercheurs américains ont mis au point ce néologisme.

Ironie de la chose : l’étude en question montre que la passion pour les données relatives au sommeil nocturne et la quête d’un repos parfait peuvent en fait aggraver l’insomnie.

“Comme l’ont observé des chercheurs, certains individus passent trop de temps au lit à chercher à améliorer leurs résultats, et d’autres souffrent même d’angoisses à cause de performances de sommeil qu’ils jugent insatisfaisantes.”

Le quotidien britannique “The Guardian”

“Le temps d’éveil fait également partie du sommeil normal. Nous pouvons avoir entre trois et six réveils par nuit, souvent sans même nous en rendre compte”, complète Katie Fischer auprès du quotidien britannique “The Guardian”.PHOTO FREDERIC CIROU/PhotoAlto/AFP

 

Mais qu’est-ce qu’un “bon sommeil” ? interroge le quotidien britannique. Et est-il seulement possible d’intervenir dans ce processus biologique ?

“Si vous demandez aux bons dormeurs quel est leur secret, le plus souvent ils vous diront qu’ils n’en ont pas”, rapporte Katie Fischer, spécialiste des thérapies comportementales de l’insomnie.

“Ils ne pensent pas constamment à leur sommeil. Ils sont fatigués, ils se couchent, ils s’endorment. Ils se réveillent reposés et ne s’inquiètent pas particulièrement au lendemain d’une mauvaise nuit, parce qu’ils savent que ce sont des choses qui arrivent.”

“En revanche, ceux qui me consultent pour des problèmes liés au sommeil se mettent souvent la pression pour atteindre un nombre magique d’heures de sommeil, huit généralement, sans avoir l’air de comprendre qu’ils n’ont peut-être pas besoin de dormir autant.”

Katie Fischer, spécialiste des thérapies comportementales de l’insomnie, au quotidien britannique “The Guardian”

Katie Fischer a vu des clients désemparés parce que leurs montres n’enregistraient que 11 % de sommeil profond par nuit. Or, d’après la thérapeute, rien de plus naturel.

“C’est tout à fait normal. Nous dormons par cycles d’environ quatre-vingt-dix minutes. Et, pour la plupart des gens, le sommeil profond ne représente que 13 à 23 % de la nuit.”

“La majorité des gens n’ont aucune idée de ce qu’est un sommeil normal, donc ils paniquent lorsqu’ils voient des statistiques avec beaucoup d’éveils et peu de sommeil profond.”

Katie Fischer, spécialiste des thérapies comportementales de l’insomnie, au quotidien britannique “The Guardian”

“En 2007, à San Francisco, les rédacteurs de ‘Wired’ Gary Wolf et Kevin Kelly ont inventé le terme ‘quantified self’ pour décrire le concept de ‘connaissance de soi par les chiffres’. Aujourd’hui, cette tendance croissante à l’auto-examen s’est étendue à la quête d’un sommeil optimal. L’industrie britannique des dispositifs de suivi du sommeil a été estimée à 324 millions d’euros l’année dernière et devrait plus que doubler d’ici 2030”, rapporte le quotidien britannique “The Guardian”.PHOTO NIELS BUSCH/Connect Images/AFP

 

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Source : Courrier international (France)

 

 

 

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