France – Michel Blanc, acteur populaire et vedette des Bronzés, est mort à l’âge de 72 ans

Le comédien, révélé au public avec la troupe du Splendid, est mort dans la nuit de jeudi à vendredi à l’hôpital à l’âge de 72 ans.

Libération – Etoile des neiges doit sans doute sa longévité à Michel Blanc. Car il y a fort à parier que cette valse autrichienne, essorée par Perry Como puis Line Renaud, aurait fini par tomber dans l’oubli avec les 78-tours si Jean-Claude Dusse ne l’avait pas entonnée pour se réchauffer, coincé sur un télésiège, aux deux tiers des Bronzés font du ski.

Avec son mantra «Je vais conclure» – qu’il répète inlassablement dans la bouche du même personnage lors des deux premiers épisodes de la saga et qui fait de lui le premier personnage marquant d’incel du cinéma français –, cette image est sans doute celle de Michel Blanc qui s’est le plus incrustée dans la mémoire collective. Le petit gringalet à moustaches, en éternel échec amoureux, perdu au cœur de la montagne : il n’avait rien pour lui, il fallait mieux en rire. Et nous avons ri.

Michel Blanc, pilier de la troupe du Splendid, archétype de l’acteur populaire qui s’est défait de sa première peau pour construire une carrière est mort brutalement d’un malaise cardiaque ce vendredi à 72 ans et c’est un parcours étonnant, du rigolo franchouillard des Bronzés au directeur de cabinet de l’Exercice de l’Etat qui s’éteint.

«J’ai jamais été jeune, confiait-il à Libération en 2006. J’ai été enfant et j’ai attendu d’être vieux» se réjouissant de la précocité de sa perte de cheveux : «J’ai un avantage sur les chauves tardifs, je n’ai jamais associé la calvitie à l’âge.» A 14 ans, quand les autres écoutaient les Beatles, il préférait Beethoven.

«J’ai découvert les enfants de riches, ça s’est très bien passé»

Le freluquet des Bronzés a grandi en région parisienne, à Puteaux, alors faubourg ouvrier, à une époque où l’ascenseur social n’était pas encore un vain mot. Un père déménageur, une mère dactylo. Il n’aurait jamais dû se retrouver dans le lycée Pasteur des beaux quartiers à Neuilly, mais sa mère a fait des pieds et des mains. Il y rencontrera le noyau de la bande : Jugnot, Clavier, Lhermitte. «J’ai découvert les enfants de riches, ça s’est très bien passé. On faisait des boums chez les petits-fils Citroën.» 16 ans en 1968, il manifeste mollement.

La troupe du Splendid débute dans les cafés-théâtres et Blanc, en parallèle, enchaîne de petits rôles au cinéma, comme dans Vous n’aurez pas l’Alsace et la Lorraine, avec Coluche. Mais quand sort, en 1978, les Bronzés font du ski, Michel Blanc devient instantanément Jean-Claude Dusse. Le personnage se révèle être une seconde peau, aussi gratifiante (en termes de popularité) qu’embarrassante. Blanc y met toutes les difficultés et les parts d’ombres de son adolescence. «Je faisais de l’autodérision avec le personnage de Jean-Claude Dusse. J’avais la volonté d’être plus fort que ce qui me gênait chez moi. Tel Cyrano, ce que je dis, je ne supporte pas que les autres le disent à ma place», confiait-il à Télérama en 2007. La sentimentalité jamais conclusive de Jean-Claude, incapable de dépasser le stade du fantasme, en fait l’incarnation éternelle de la frustration.

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Michel Becquembois

Source : Libération (France)

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