En Côte d’Ivoire, une affaire de meurtre tourmente le principal syndicat étudiant

Un membre de la Fédération estudiantine et scolaire de Côte d’Ivoire (Fesci) a été retrouvé mort, roué de coups, le 30 septembre à Abidjan. Six de ses responsables, dont son secrétaire général, Sié Kambou, ont été interpellés par la police.

Le Monde  – L’année scolaire vient de débuter en Côte d’Ivoire, mais des étudiants par dizaines, portant des sacs ou des valises fermés à la va-vite, pressent le pas vers la sortie de l’université Félix Houphouët-Boigny d’Abidjan, sous le regard attentif d’agents universitaires et des forces de l’ordre. Le 2 octobre, le ministère de l’enseignement supérieur a ordonné aux occupants illégaux des cités universitaires de les quitter sous peine d’en être expulsés manu militari.

Une décision qui s’inscrit dans le cadre d’une série de mesures judiciaires prises contre la Fédération estudiantine et scolaire de Côte d’Ivoire (Fesci), puissant syndicat étudiant régulièrement accusé de pratiques violentes, voire mafieuses, et notamment connu pour sous-louer une partie des cités universitaires à son propre bénéfice.

Aux origines de cette décision : la découverte, lundi 30 septembre, du corps sans vie d’un étudiant et membre de la Fesci au CHU de Cocody. Mars Aubin Deagoué Agui, surnommé le « Général sorcier », suivait à 49 ans un master 2 à l’université Félix Houphouët-Boigny. Membre de la section Fesci de la cité universitaire d’Abobo 1, il était surtout réputé pour être un rival de son secrétaire général, Sié Kambou, élu en décembre 2023. Le corps de M. Agui « présentait des traces de violences physiques », selon un communiqué du procureur de la République diffusé le 1er octobre.

« Un acte de barbarie »

 

Ayant conclu à un homicide, le parquet a ouvert une enquête et interpellé Abdoul Karim Sidibé, un proche de Sié Kambou, « se disant agent de renseignement ». Toujours selon le communiqué, ce dernier aurait avoué avoir organisé, à la demande de Sié Kambou, une rencontre avec la victime, qui « l’a rejoint dans une cave sise à Angré Pétro Ivoire, où il a été enlevé par des individus à bord d’un [VTC] Yango pour une destination inconnue ».

Le secrétaire général et cinq autres membres du bureau de la Fesci ont été interpellés par la police criminelle dès le 1er octobre. Une arrestation qui a rapidement provoqué des échauffourées sur le campus.

Dans un communiqué conjoint publié le 2 octobre, le ministère de l’intérieur et celui de l’enseignement supérieur ont affirmé que Mars Aubin Deagoué Agui avait été « enlevé puis molesté par des individus identifiés comme étant membres [de la Fesci]», dénonçant « un acte de barbarie d’un autre âge ». « En attendant les conclusions de l’enquête ouverte par la police nationale », conclut le communiqué, le gouvernement a décidé, « à titre conservatoire, d’interdire toutes les activités des associations syndicales estudiantines sur l’ensemble du territoire national ».

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 (Abidjan, correspondance)

 

 

 

 

Source : Le Monde – Le 03 octobre 2024

 

 

 

 

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