Mauritanie – Assez de lois contre l’esclavage !

Onde Info – En Mauritanie,  l’esclavage et ses » dérivées », sont des  réalités évidentes, mais peu assumées ou  souvent niées, minimisée ou abordées avec beaucoup de mauvaise volonté. En vérité, sans être juriste, j’estime que la convocation des députés en session extraordinaire, le 04 septembre prochain pour discuter de plusieurs projets de lois, dont la création de tribunaux spécialisés de lutte contre l’esclavage, la traite des personnes et le trafic de migrants, n’a pas sa raison d’être.

Les tribunaux chargés de juger les crimes d’esclavage existent déjà depuis 2016, l’ère Ould Abdel Aziz :  le décret 2016-002 du 1er janvier 2016, fixe le siège et le ressort territorial des cours criminelles spéciales en matière de lutte contre l’esclavage. Les observateurs s’interrogent, sur la pertinence et l’opportunité de  ces juridictions  d’autant plus qu’ elles ont  jusqu’ ici brillé par inaction et inefficacité.

En effet, la lutte contre les injustices et les discriminations sociales est d’abord une question de volonté politique. Ce qui suppose l’exemplarité, comme dans le combat contre la corruption et autres comportements sulfureux.

Point besoin de nouveaux textes sur la question de l’esclavage, un fléau déjà élevé au rang de crime. C’est déjà le summum. Trop de lois tuent la loi. Il suffit juste  d’appliquer les lois déjà existantes. Nous sommes dans une République, comme modèle politique et de gouvernement, il est évident que ce choix sous-entend :  citoyens et de citoyenneté.

Dès lors, il suffit que nos dirigeants soient sincères pour s’attaquer aux stratifications sociales héritées, qui n’ont pas de place dans une république, et de surcroît islamique :  » Tous les humains sont issus d’Adam qui a été créé d’argile. Il n’y a pas de différence entre un Arabe et un non Arabe, si ce n’est par la piété ».  « Le plus honorable des hommes auprès d’Allah est le plus pieux ».

Faut-il le rappeler que dans  une république, il ne peut y avoir de citoyens et de sous-citoyens. La citoyenneté, c’est d’abord l’égale dignité entre les populations ( les citoyens ), au-delà des origines et appartenances sociales, linguistiques etc., différentes et diverses. Ce qui importe est l’appartenance à une même nation ( nationalité ).

L’esclavage se nourrit de l’impunité, de la pauvreté et de l’ignorance.  L’Etat est à la fois garant de la justice, de la protection des personnes et de leurs biens et l’épanouissement de tous et de chacun, il dispose de tous les moyens pour faire respecter la loi. Comme, il sait le  faire  pour disperser les manifestations, et au besoin utiliser la force .

Les députés doivent comprendre que l’esclavage est plus facile à  identifier et à  combattre que ses « dérivées » : le féodalisme. Encore une fois, le débat stérile qui consiste à  soutenir que l’esclavage est plus grave que le féodalisme n’a pas sa raison d’être. On ne compare pas deux maux, on les combat.

Le féodalisme est beaucoup plus subtile et perfide, du fait qu’ il s’exprime  sous le manteau de la culture. Ce qui peut rendre complexe sa qualification juridique. Cependant avec la volonté  tout est possible. Des juges professionnels, compétents et indépendants peuvent décoder, décrypter les agissements, comportements et expressions féodales dissimulées. C’est une question de dignité, de droit humain pour redorer l’image de la Mauritanie, et consolider la cohésion sociale.

 

 

 

Seyré SIDIBE

 

 

 

Source : Onde Info (Mauritanie) – Le 28 août 2024

 

 

 

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