La situation alarmante dans laquelle se trouve l’école mauritanienne est à l’exact opposé du dévouement dont font preuve certains enseignants. J’en ai rencontré quelques uns dans ma vie d’apprenant. Parmi eux, Touré Samba, prof de français à la retraite.
Aujourd’hui, par la froideur d’un message cruel sur les réseaux sociaux, et alors qu’à la mosquée on faisait le Iqaama pour la prière du Maghreb, un message m’annonce le rappel à Allah de mon prof Touré Samba. Qu’Allah l’accueille au paradis Firdaous.
Touré Samba était un homme au cœur pur, bienveillant et généreux. Ma mémoire me survivra. Je me rappelle. En 3eme année de collège, il observait que mes notes étaient élevées alors que je n’apprenais pas mes leçons. Il organisa alors un devoir avec seulement des questions de cours. C’est en transpirant à grosses gouttes que je parvins à m’en sortir avec une note légèrement au dessus de la moyenne mais en deçà de ce que j’avais l’habitude de réaliser. Il dit alors devant tous que le seul but de l’exercice était de me montrer que le fait de s’estimer bon dans une matière n’exonérait pas de la nécessité de travailler et d’apprendre les leçons. Méthode radicale mais efficace et emplie de bienveillance comme seuls les vrais pédagogues en détiennent le secret. Merci un million de fois seydi Touré.
Touré Samba était d’une discrétion qui dépareillait avec le spectacle qui caractérisait le milieu scolaire du Kaedi des années 80-90. Il incarnait l’humilité et la simplicité. Monsieur Touré semblait raser les murs ou éviter jusqu’à son ombre. Il s’excusait presque d’être là. Il n’était pas de ceux qui brisaient l’estime de soi des élèves ou ruinaient impunément des destins. Bien au contraire. Touré Samba les aidait à se relever quand ils trébuchaient et à aller puiser dans leurs entrailles la motivation qu’il fallait pour aller de l’avant. Alhamdoulillah lors de mon dernier séjour en Mauritanie en juin 2023, j’ai tenu à aller lui rendre visite, ainsi que Ndiaye Amadou Malal (autre monument à qui je voue le plus grand respect et de la reconnaissance) à Djeol malgré le très peu de temps dont je disposais.
Nous n’avons passé que quelques heures ensemble mais ce fut intense et chaleureux. Avec sa famille et ses voisins, Touré Samba avait tenu à me réserver un accueil en grand, avec naturel, authenticité et simplicité. Depuis, nous échangions régulièrement des vocaux entre le prof qu’il sut toujours être et l’élève que je n’ai cessé d’être.
En juin dernier, il me laissait un vocal me rappelant la date anniversaire de ma visite chez lui ( c’est dire que le geste l’avait marqué) en renouvelant vœux et bénédictions et en demandant à Allah de nous donner la chance de nous revoir encore. Allah en a décidé autrement.
Qu’Allah soit satisfait de lui et l’installe au Paradis parmi la communauté du prophète Mohamed sallallahu aleyhi wa salam. C’était quelqu’un de bien. Quelqu’un de vraiment bien.
Abdoulaye Tijane Mohamed Diagana, comme il aimait m’appeler
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