Pour mon amie, Mariia Diong

(Merci pour ta présence, il faudrait un livre entier pour raconter toutes nos promenades en ville, nos discussions dans le jardin de ta mère, nos rires, nos humeurs parfois à faire trembler les étoiles, nos confidences … je n’ai pas un long alors voici quelques mots, quelques étincelles d’un temps…)

Je me rappelle toutes ces fois
Dans un univers tout émeraude
Où nous pavanions sourire aux lèvres
Comme des enfants qui n’attendent rien
de ce monde nous cueillions l’éternité sur la corde du zéphyr
qui nous caressait le visage
à l’ombre drue de ces prosopis sous lesquels nous partagions quelquefois des kebabs

[…] mais aussi ces instants de jais
où mon canoë naviguait
sur les sombres vagues de la mélancolie
tu t’évertuais à me sauver de moi-même
tu murmurais à l’oreille
de mon cœur que n’éclairait
aucune lueur de perce-neige
et m’invitait à ouvrir ma poitrine
au souffle du bonheur
tu déplorais ma mort à venir
qui déboucha sur une autre vie

me voici ce soir
arc-bouté à la rambarde de la beauté
cherchant la direction de l’aube
pour éclairer le visage marri
de ce pays que portent les notes éclatées
de mon chant
de ménestrel désarmé
aucune coulée de sable
ne viendra menacer le rêve
je veille désormais à la tempête
pour mener à bon port notre attente de paix
le rêve commun des femmes
des hommes des enfants des ergs

Il faut sauver l’arbre naguère éloché
par des mains mille fois maudites
et renouer ceux qui ne reverront plus l’astre du jour avec l’euphorie

Donne-moi alors tes mains
Que je batte pour nos songes hiératiques
le tambour de la vie
et les poumons à plat de cette terre
au sang rouge et vert
que tu portes dans ta chair
[…]

 

Nouakchott, le 19/08/2024.
Salihina Moussa

 

 

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