Yahya Sinouar s’impose comme le nouveau chef incontesté du Hamas

L’organisateur de l’attaque sanglante du 7 octobre 2023 en Israël succède à Ismaïl Haniyeh, assassiné à Téhéran, à la tête du bureau politique du mouvement palestinien.

Le Monde  – Terré dans les tunnels de Gaza et traqué par Israël, Yahya Sinouar émerge comme le chef incontesté du Hamas. Depuis l’attaque du 7 octobre 2023 contre l’Etat hébreu, qu’il a planifiée avec la branche armée du mouvement islamiste, l’insaisissable chef du Hamas dans la bande de Gaza imposait déjà sa vision sans concessions sur la marche de la bataille comme dans les négociations pour un cessez-le-feu dans l’enclave palestinienne. Mardi 6 août, les instances dirigeantes du Hamas l’ont élu à la tête du bureau politique pour succéder à Ismaïl Haniyeh, assassiné à Téhéran, le 31 juillet, dans une attaque attribuée à Israël.

« C’est un message d’unité, de cohésion interne et de force du Hamas d’avoir pu élire son chef, à l’unanimité, en seulement quelques jours. C’est une réponse forte à Israël et [au premier ministre Benyamin] Nétanyahou qui assurent avoir détruit le Hamas », estime Ibrahim Fraihat, professeur en résolution des conflits au Doha Institute for Graduate Studies. La nomination de Yahya Sinouar est, à bien des égards, un geste de défiance du Hamas à l’égard d’Israël, alors que sa branche armée est affaiblie après dix mois de guerre, que son chef a été assassiné et que de nombreux autres responsables ont été tués.

« Le mouvement ne cède pas sous la pression et met au premier plan l’homme responsable des attentats du 7 octobre et considéré par beaucoup comme un partisan de la ligne dure. Si Israël, les Etats-Unis et leurs alliés dans la région et au-delà espéraient pouvoir soumettre le Hamas par la force, la réponse sera un Hamas plus radical », analyse Khaled Hroub, spécialiste du Hamas à la Northwestern University, au Qatar. L’accession de Yahya Sinouar au bureau politique du Hamas n’augure pas, en effet, d’un assouplissement de la position du mouvement dans les négociations que Washington tente de relancer, avec les médiateurs égyptien et qatari, dans l’espoir d’enrayer l’escalade en cours entre Israël et l’Iran.

Chef du Hamas depuis 2017, exilé au Qatar, Ismaïl Haniyeh incarnait le visage diplomatique du mouvement islamiste. Partisan de la lutte armée pour parvenir à la création d’un Etat palestinien, le responsable de 62 ans se montrait néanmoins favorable à un accord de cessez-le-feu avec Israël et avait soutenu publiquement la solution des deux Etats. En miroir, Yahya Sinouar apparaît comme une figure plus intransigeante, bien que pragmatique, qui a replacé le Hamas dans la lutte armée la plus radicale depuis le 7 octobre.

« Boucher de Khan Younès »

Né en 1962 dans le camp de Khan Younès dans la bande de Gaza, Yahya Sinouar a fait ses débuts au sein du Hamas en fondant un appareil sécuritaire, Al-Majd, pour traquer les espions à la solde d’Israël, ce qui lui valut le surnom de « boucher de Khan Younès ». Il n’a jamais caché son désir de frapper durement Israël, le pays qui l’a emprisonné pendant près de vingt-trois ans. Charismatique et autoritaire, il a commencé son ascension politique et militaire à sa libération en 2011. Membre du bureau politique, il a supervisé le renforcement des capacités de la branche armée jusqu’à son élection, en 2017, à la tête du Hamas à Gaza.

Alliant expérience politique et militaire, cet homme ascétique était le successeur naturel à la direction du Hamas avant que la guerre survienne. Pressenti ces derniers jours, Khaled Mechaal, ancien chef du Hamas de 2004 à 2017, et figure consensuelle, s’est rallié à lui. « Khaled Mechaal n’a pas de bonnes relations avec l’Iran et le Hezbollah. Il y avait aussi des inquiétudes quant à son manque de flexibilité », souligne Tahani Mustafa, experte au sein de l’International Crisis Group. Le soutien financier, politique et militaire de l’Iran, déjà crucial, sera incontournable pour aider le Hamas à se reconstruire et à sortir de son isolement international après la guerre.

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 (Beyrouth, correspondante) et

 

 

 

 

Source : Le Monde 

 

 

 

 

 

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