– Les faits auraient été commis entre la fin des années 1970 et 2005. L’abbé Pierre est accusé d’agressions sexuelles sur au moins sept femmes, selon un rapport indépendant commandé par Emmaüs International, Emmaüs France et la Fondation Abbé Pierre et publié mercredi 17 juillet. Icône de la lutte contre l’exclusion, longtemps personnalité préférée des Français, l’abbé Pierre, de son vrai nom Henri Grouès, est mort en 2007.
Ces faits concernent des salariées, des volontaires et bénévoles des trois organisations, mais aussi des jeunes femmes dans l’entourage personnel de l’abbé Pierre. « Nos organisations saluent le courage des personnes qui ont témoigné et permis, par leur parole, de mettre au jour ces réalités », écrivent les trois organisations dans un communiqué commun. L’Eglise catholique en France a déclaré mercredi sur X avoir appris « avec douleur » les témoignages rapportant les faits d’agressions sexuelles.
Attendant de prendre connaissance du rapport publié, la Conférence des évêques de France « tient à assurer les personnes victimes de sa profonde compassion et de sa honte que de tels faits puissent être commis par un prêtre », souligne ce message publié peu après ces révélations.
L’alerte a été lancée en 2023, lorsqu’une victime présumée a rapporté à Emmaüs International des faits de violences sexuelles, déclenchant l’ouverture d’une enquête, menée conjointement avec Emmaüs France et la Fondation Abbé Pierre. L’enquête a alors été confiée au cabinet expert Egaé, qui propose aux entreprises et associations des audits, de la formation et du conseil concernant des faits de harcèlement et violences sexuelles.
Aucun signalement à la justice
Sept victimes, dont une mineure au moment des faits, ont accepté de témoigner sous anonymat. Au total, douze femmes ont été identifiées, mais toutes n’ont pas pu être entendues. « Il est raisonnable de penser qu’il y a d’autres personnes concernées, dans des proportions difficiles à estimer », précise le communiqué publié par les trois organisations. Les femmes auditionnées évoquent des faits d’une étrange similitude, pouvant s’apparenter à du harcèlement sexuel ou des agressions sexuelles : propositions indécentes, contacts non sollicités sur des zones sexuelles, en particulier sur la poitrine.
« Nous les croyons, nous savons que ces actes intolérables ont laissé des traces et nous nous tenons à leurs côtés », ajoutent-elles. « Ces révélations bouleversent [ces trois] structures » et « ces agissements changent profondément le regard que [ces organisations] port[ent] sur un homme connu avant tout pour son combat contre la pauvreté, la misère et l’exclusion ».
Un dispositif de recueil de témoignages et d’accompagnement, « strictement confidentiel, s’adressant aux personnes ayant été victime ou témoin de comportements inacceptables de la part de l’abbé Pierre », a été mis en place, selon les trois associations. Selon une source interne à Emmaüs, aucun signalement à la justice n’a été fait à ce stade.
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