Attentat contre Donald Trump : questions sur le mobile du tueur et les défaillances des services de sécurité

Thomas Matthew Crooks, le jeune homme qui a tiré sur l’ex-président, n’a laissé aucun indice sur ses motivations. Le Secret Service, l’agence chargée de la protection des chefs d’Etat et personnalités, est d’ores et déjà mis en cause pour n’avoir su prévenir cette attaque.

Le Monde  – Les parents ? Père libertarien, mère démocrate. La famille de Thomas Matthew Crooks vit dans une banlieue relativement aisée de Bethel Park (Pennsylvanie), près de Pittsburgh. Le père, conseiller dans un service de santé mentale, possédait l’AR-15 qui a été utilisé par son fils pour tirer sur Donald Trump le 13 juillet à 70 kilomètres du domicile familial, à Butler. Les enquêteurs ne savent pas encore si l’homme, âgé de 20 ans, avait ou non la permission d’emprunter l’arme.

L’école ? Elle n’a manifestement pas réussi à intégrer le lycéen solitaire qu’était Thomas Matthew Crooks. Selon plusieurs de ses anciens condisciples, il était constamment harcelé par un groupe d’élèves. Il était studieux, avait de bonnes notes. En fin d’études secondaires, en 2022, il a fait partie des vingt jeunes qui ont reçu un prix (500 dollars, soit 460 euros) en maths et sciences. Sur le yearbook, le livre de fin d’année, il arbore des lunettes à moitié cerclées. Il était passionné par l’histoire, a raconté une ancienne camarade Summer Barkley à la BBC. Un adolescent « calme », « solitaire » et « réservé », selon un lycéen cité par ABC News. Les enquêteurs n’ont à ce jour retrouvé aucune trace de lui sur Faceboook ou Instagram.

Au lendemain de la tentative d’assassinat contre Donald Trump, les clés manquent pour comprendre ce qui a pu inciter un homme de 20 ans à s’en prendre à l’ex-président. Selon Kevin Rojek, le responsable de l’enquête au bureau du FBI à Pittsburgh, il a agi seul, comme il l’était le plus souvent.

Aucune motivation politique n’a été établie à ce stade, selon la police. Sur les listes électorales, Thomas Crooks était enregistré comme républicain. En 2021, après l’investiture de Joe Biden, il a aussi contribué – pour 15 dollars – à une association d’incitation à la participation électorale, Progressive Turnout Project, par l’intermédiaire de la plate-forme ActBlue qui distribue des fonds aux candidats démocrates. Il venait d’obtenir un diplôme de sciences de l’ingénieur au Community College (cycle court) du comté d’Allegheny. Il avait pris un emploi à la cuisine d’une maison de retraite et de convalescence à Bethel Park. Celle-ci avait vérifié ses antécédents avant de l’embaucher.

Théories complotistes

 

Lorsqu’il a été abattu par un agent du Secret Service posté sur le toit d’une grange, après avoir réussi à tirer à plusieurs reprises, tuant le capitaine de pompiers bénévole Corey Comperatore, 50 ans, et blessant deux autres personnes, Thomas Crooks ne portait pas de papiers d’identité. La police l’a identifié grâce au numéro d’enregistrement de son AR-15.

Les cheveux longs, il était vêtu d’un tee-shirt « Demolition Ranch », la chaîne YouTube spécialisée dans les armes et la « démolition » (la destruction d’objets à l’aide d’armes ou d’explosifs) qui possède des millions d’abonnés. Le jeune homme s’était inscrit il y a un an au club de tir local. Des explosifs rudimentaires ont été retrouvés dans sa voiture.

Au-delà du portrait, reste la question centrale : comment un individu armé d’un fusil semi-automatique AR-15 a-t-il réussi à se positionner sur un toit à moins de 140 mètres de l’estrade où Donald Trump tenait son discours ? Une défaillance dans la sécurité qui alimente déjà les théories complotistes dans un milieu persuadé que Joe Biden « instrumentalise » le FBI pour poursuivre son rival politique.

De fait, les spécialistes du maintien de l’ordre s’expliquent mal la latitude dont Thomas Crooks a pu disposer, d’autant que plusieurs participants au meeting avaient repéré le tireur marchant sur le toit, et essayé de signaler sa présence aux forces de l’ordre. Un membre de la police locale a même essayé de monter sur le toit, mais l’assaillant l’a mis en joue et il s’est replié.

 

Lire la suite

 

 

 (San Francisco, correspondante)

 

 

 

Source : Le Monde 
Diffusion partielle ou totale interdite sans la mention : Source www.kassataya.com

Articles similaires

Bouton retour en haut de la page