France – Le RN devance la gauche, le camp Macron troisième : les enseignements du premier tour des législatives

Le Rassemblement national et ses alliés obtiennent 34 %, le Nouveau Front populaire 28,1 % et la coalition présidentielle 20,3 % des voix, selon les premières estimations de l’institut Ipsos Talan pour France Télévisions, Radio France, France 24/RFI et LCP Assemblée nationale.

Le Monde  – Vingt jours de campagne n’auront pas suffi à inverser la tendance électorale observée lors des élections européennes du 9 juin. Les législatives anticipées convoquées dans la surprise générale par Emmanuel Macron pour les 30 juin et 7 juillet, ont eu pour principal effet de consolider la position des trois blocs qui dominent la scène politique nationale et la future Assemblée nationale : le Rassemblement national (RN) et ses alliés de droite, l’union de la gauche sous la bannière Nouveau Front populaire (NFP), et la coalition présidentielle emmenée par Renaissance, le MoDem et Horizons.

Pour la première fois en France, sous la Ve République, l’extrême droite arrive en tête du premier tour des élections législatives. Le parti présidé par Jordan Bardella, candidat désigné du RN pour Matignon en cas de victoire, obtient 34 % des voix, selon les premières estimations de l’institut Ipsos Talan pour France Télévisions, Radio France, France 24/RFI et LCP Assemblée nationale.

Soit un score quasiment multiplié par deux, par rapport aux législatives de 2022, lorsque le RN avait atteint le score de 18,7 % au premier tour. La formation d’extrême droite parvient même à accroître sa dynamique par rapport à son résultat des européennes (31,37 %), grâce à l’alliance nouée avec le président du parti Les Républicains (LR), Eric Ciotti.

Echec du calcul politique d’Emmanuel Macron

 

Ces résultats laissent entrevoir la forte probabilité que le parti emmené par Marine Le Pen parvienne à rafler une majorité des sièges à l’Assemblée à l’issue du second tour. Avec une majorité relative ? Ou absolue, qui suppose d’obtenir au moins 289 sièges ? Tel sera l’un des principaux enjeux du second tour, le 7 juillet.

Une possible accession au pouvoir par la voie parlementaire d’autant plus inédite pour l’ex-Front national que le mode de scrutin uninominal majoritaire à deux tours, qui constituait jusqu’en 2022 une entrave majeure à la formation d’extrême droite, longtemps en marge des institutions, favorise désormais son ascension, de par son effet amplificateur pour le parti arrivé en tête.

Le bloc d’extrême droite et ses alliés de droite sont talonnés par le NFP qui obtient 28,1 % des voix, selon les premières estimations. Les quatre principales forces de gauche – La France insoumise, le Parti socialiste, les écologistes et les communistes – font mieux que leur précédente alliance électorale, nouée en 2022 sous l’étiquette Nouvelle Union populaire écologique et sociale (26,1 %). Mais leur score de ce premier tour reste en deçà de l’addition des résultats de chaque parti aux européennes (31,6 %)

En arrivant en troisième position, la coalition présidentielle confirme sa faiblesse électorale, actée avec sa performance aux européennes (14,6 %). Avec 20,3 % des voix, selon les premières estimations, la majorité sortante subit une défaite moins forte que prévue, mais sa troisième place vient sceller l’échec cuisant du calcul politique d’Emmanuel Macron. En voulant prendre de court ses adversaires pour espérer obtenir une majorité plus nette après deux années de difficultés au Parlement faute de majorité absolue, le chef de l’Etat se heurte au rejet d’une grande partie des Français.

Hausse vertigineuse de la participation

 

Une proportion non négligeable des 250 députés sortants du camp présidentiel (169 Renaissance, 50 MoDem et 31 Horizons) pourraient être éliminés dès le premier tour. Ces résultats calamiteux pour eux viennent surtout attester du désir d’alternance des Français après sept ans de macronisme. « Face au Rassemblement national, l’heure est à un large rassemblement clairement démocrate et républicain pour le second tour », a réagi Emmanuel Macron après les résultats du premier tour.

Autre victime de cette tripolarisation : LR, qui a refusé de suivre Eric Ciotti dans son ralliement à l’extrême droite, tout en rejetant une alliance formelle avec le camp Macron. Le parti de droite obtient 10,2 % des voix, selon les premières estimations, contre 11,3 % au premier tour des législatives de 2022.

Reste que le rapport de force entre les trois blocs n’est pas définitif avec les premiers résultats de ce premier tour. Ces législatives ont suscité un regain d’intérêt des Français, qui semblent avoir perçu sa dimension historique. A 17 heures, la participation est montée à 59,4 %, vingt points de plus que lors du scrutin de 2022 (39,4 % à la même heure, 47,7 % au final). Un record depuis 1986. Et un taux qui rivalise même avec les niveaux observés à la dernière élection présidentielle, en 2022 (73,69 % au premier tour).

La hausse vertigineuse de la participation est un indicateur crucial, qui laisse augurer d’un nombre probablement record de triangulaires pour le second tour, allant au-delà des 78 triangulaires de 1997. Toute projection en sièges apparaît donc bien incertaine, compte tenu de l’inconnu qui subsiste autour d’éventuels désistements de candidats et des reports de voix entre les deux tours.

 

 

 

 

 

 

Source : Le Monde 

 

 

 

 

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