Au Burkina Faso, d’étranges événements interrogent sur le sort du président Ibrahim Traoré

Alors que la grogne monte au sein de l’armée après une attaque terroriste qui a fait plus de 100 morts, le chef de la junte a disparu durant 48 heures.

 Le Monde – Le régime du capitaine Ibrahim Traoré est-il en train de vaciller ? Depuis l’explosion d’une roquette mercredi 12 juin aux abords de la présidence située au centre-ville de Ouagadougou, capitale du Burkina Faso, les rumeurs faisant état d’une contestation croissante au sein de l’armée contre le président de la transition persistent.

Ces derniers jours, les équipes de communication de la junte se sont attelées à minimiser l’explosion du 12 juin, immédiatement qualifiée de simple « incident de tir » par la télévision nationale sur sa page Facebook. « Le projectile est malheureusement tombé dans l’enceinte de la télévision nationale causant deux blessés légers rapidement pris en charge par le service de santé de la présidence », a souligné le média d’Etat, tandis qu’à quelques mètres de là, le capitaine Traoré était exfiltré du conseil des ministres en cours qui se tenait à la présidence. Dans la foulée, le chef d’état-major des armées a ordonné la « mise en alerte générale de tous les détachements » selon un message interne ayant fuité sur les réseaux sociaux.

Le 17 mai, la même confusion avait régné après un échange de tirs à la présidence que les médias d’Etat avaient déjà qualifié d’« incident de tir ». Plusieurs sources sécuritaires avaient quant à elles évoqué un mouvement d’humeur de militaires.

Cette fois encore, les autorités se sont murées dans le silence. Pendant 48 heures, le capitaine Traoré n’est pas apparu en public, alimentant les rumeurs quant à sa possible exfiltration de la capitale suite à une tentative de putsch. L’une des hypothèses était qu’il se soit réfugié au camp Loumbila, à une vingtaine de kilomètres de Ouagadougou, où se sont installés les paramilitaires russes de Wagner.

Deux jours plus tard, celui-ci est apparu serein et souriant dans une vidéo diffusée à la télévision nationale vendredi 14 juin. On y voit le chef de la junte donner son sang dans des locaux présentés comme étant ceux du palais présidentiel, à l’occasion de la journée mondiale du don du sang.

Fronde grandissante au sein de l’armée

 

Mais, sur les réseaux sociaux, des internautes doutent de l’authenticité de ces images, tout comme de celles, diffusées le même jour par le suprémaciste noir prorusse Kemi Seba sur son compte X (anciennement Twitter), de sa rencontre avec le chef de la junte. La présence du capitaine Traoré à la prière de la Tabaski sur un terrain de l’université de Ouagadougou, relayée dimanche 16 juin par plusieurs médias d’Etat, photos à l’appui, a également été remise en question par plusieurs sources locales.

Certaines de ces photos ont-elles réellement été trafiquées, puis publiées par les autorités afin de rassurer les Burkinabés ? A Ouagadougou, les sources qui osent encore s’exprimer – en réclamant systématiquement l’anonymat – sur la réalité de la situation politique et sécuritaire du pays se raréfient à mesure que la junte accélère son virage autoritaire. Toutes craignent d’être menacées, enlevées, incarcérées ou envoyées de force au front par la junte, comme l’ont été avant elles des dizaines de voix critiques ces derniers mois.

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Source : Le MondeLe 17 juin 2024

 

 

 

 

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