Emmanuel Macron ou l’audace de l’imbécile

Gouverner ne consiste pas à jeter des pièces en l'air et à prier pour qu'elles tombent du bon côté de l'histoire

SlateEmmanuel Macron a l’audace des imbéciles. Quand ils se retrouvent à court d’idées, ils en inventent une si grossière qu’elle sidère tout son monde. L’imbécile devient alors fanfaron. On le voit qui plastronne au grand jour, ravi d’en avoir surpris plus d’un. Il rit de son coup comme le voleur qui revend à sa victime les marchandises qu’il vient de lui dérober. Il est si content de son tour de force que c’est à peine si les conséquences de ses actes l’effleurent. Il sera toujours temps d’y penser si jamais les choses allaient de travers.

L’annonce de la dissolution de l’Assemblée nationale n’est pas un coup de poker, c’est l’irruption d’un égarement qui dit l’impuissance du chef de l’État à reprendre la situation en main. Au lieu de s’accorder le temps de la réflexion, de considérer les forces en présence, de consulter et d’examiner les réponses à apporter aux résultats des élections européennes, il préfère prendre la tangente en jouant tapis avec la démocratie.

Ce pourrait être de la témérité, c’est juste un enfantillage, un pari adolescent qui permet d’enjamber la mauvaise séquence de son parti, tout en mettant les Français face à leurs responsabilités: «Vous avez voulu le Rassemblement national, eh bien, je vous l’offre sur un plateau, voyons voir si votre courage ira jusqu’à le porter aux plus hautes responsabilités.» Le président ne préside pas, il crâne comme ces caporaux qui, au lendemain d’une déroute militaire, remettent leurs galons en jeu, sûrs que personne, au regard du délabrement des troupes, n’osera prendre le risque de les remplacer.

En cela, Emmanuel Macron est fidèle à l’image qu’il n’aura cessé d’envoyer depuis son accession à l’Élysée. Un homme sans constance qui manque de profondeur et de rigueur dès lors qu’il se retrouve confronté à des situations périlleuses. Une forme de légèreté ou d’insouciance qui peut parfois s’apparenter à du panache, mais qui apparaît la plupart du temps comme la marque d’un individu plus soucieux de la forme que du fond. Emmanuel Macron est un homme à la recherche de lui-même.

Au lieu de mettre à profit les trois prochaines années avant la présidentielle, Emmanuel Macron a préféré jouer au flambeur de casino en mettant la démocratie comme gage.

Quelque chose lui fait défaut, une forme de sincérité, de gravité, de ce sentiment pénétrant de l’importance des choses. On a toujours l’impression qu’il joue sa vie plus qu’il ne la vit, forme de romantisme désinvolte qui peut l’amener à changer mille fois de raisonnements, comme si au fond rien n’était vraiment fixé chez lui, ni sa vision du pays ni la manière de conduire les affaires.

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Laurent Sagalovitsch

 

 

Source : Slate (France)

 

 

 

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