Score “à la soviétique” : au Togo, la razzia “gênante” du président Gnassingbé

Le parti du président togolais, Faure Gnassingbé, l’Unir, obtient 108 députés sur 113, selon les résultats officiels provisoires annoncés samedi 4 mai au soir. La presse burkinabè l’invite toutefois à tendre la main à l’opposition, car “tout prendre” n’est pas sans risque.

 Courrier international – Au Togo, 61 % des 4,2 millions d’électeurs se sont mobilisés pour les élections législatives et régionales du 29 avril, et, dans le cadre des premières, le parti au pouvoir, l’Union pour la République (Unir), a remporté 108 sièges sur 113. Tels sont les résultats annoncés par la Commission électorale nationale indépendante samedi 4 mai au soir et relayés par Koaci. Les résultats des régionales ne sont pas encore disponibles.

Ce “score à la soviétique”, commente le site d’info ivoirien, assure à l’Unir une majorité absolue et la garantie de pouvoir “[gouverner] sans blocage par une minorité parlementaire”. Quant à l’opposition, qui signe son pire score depuis l’avènement du multipartisme, dans les années 1990, elle perd ses bastions dans le sud “et peine à asseoir son assise dans le nord”, poursuit Koaci.

Alternance “piégée et ligotée”

Ces résultats sont-ils fiables ? Malgré l’onction des observateurs électoraux africains et internationaux dépêchés sur place, Le Pays s’interroge. “Au Togo, les élections ont toujours été émaillées de fraudes et d’achats de consciences et ce depuis Gnassingbé père [Gnassingbé Eyadema a dirigé le pays de 1967 à 2005, son fils Faure lui a succédé]”, avance le quotidien ouagalais. Et de rappeler que “certains opposants ont déjà crié à la fraude”. L’alternance politique y apparaît donc, résume le journal burkinabè, “piégée et ligotée”.

Il n’empêche que la compétition s’avérait mal engagée pour l’opposition. En cause, le faible engouement des électeurs, selon Koaci, le temps consacré par les partis d’opposition à “ruer dans les brancards pour dénoncer la révision constitutionnelle [adoptée peu avant le scrutin et actant le passage d’un régime semi-présidentiel à un régime parlementaire]” au lieu de battre campagne, d’après Le Pays, sans parler du manque de moyens criant des adversaires du parti au pouvoir.

“Les différents acteurs ne boxent manifestement pas dans la même catégorie, relève L’Observateur Paalga. Avec, d’un côté, le rouleau compresseur de la machine Unir qui a sans doute les moyens que procure la gestion du pouvoir d’État, de l’autre, le caractère presque informel de certaines formations, plus présentes dans les médias et sur les réseaux sociaux que sur le terrain.”

Score “un peu gênant”

Pour la presse burkinabè, les résultats de ce scrutin renvoient aux législatives de 1997 au Burkina. Le Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP), parti de Blaise Compaoré, président de 1987 à 2014, avait alors raflé 101 sièges sur 111. Elle y voit ainsi un “Tuk Guilli à la togolaise”. L’expression “Tuk Guilli”, qui signifie “tout prendre” en mooré, une des langues nationales au Burkina Faso, avait fleuri à l’époque, assortie de cette célèbre confession d’un cacique du parti, Salif Diallo : “Notre score est un peu gênant.”

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Source : Courrier international

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