L’appel cette fin de semaine à Nouakchott du président mauritanien aux maires d’incarner les valeurs de la République est considéré par les observateurs comme un aveu d’échec de la décentralisation après quatre années de gouvernance.
Cette présence de Ould Ghazouani à la conférence de l’Association des Maires de Mauritanie est une piqure de rappel aux élus pour accélérer la décentralisation dont les résultats tardent à venir. Et en même temps c’est un aveu d’impuissance face à un Etat trop centralisateur sous la pesanteur des tribus qui freinent toute nouvelle réforme agricole. Les derniers évènements de R’Kiz en disent long de l’esclavage foncier de la composante nationale qui représente le tiers de la population mauritanienne et l’accaparement des terres agricoles de l’autre composante nationale, les négro-africains peulhs de la vallée.
En pointant que le citoyen est la cible de tout développement local Ould Ghazouani reconnaît l’importance d’une décentralisation qui passe l’autonomie des régions. Autrement dit des collectivités locales soucieuses de toutes les préoccupations quotidiennes des populations. Dans cette perspective le transfert des compétences de l’Etat est indispensable. Les Maires étant un des maillons importants pour incarner les valeurs d’une école républicaine c’est-à-dire d’égalité et de citoyenneté.
Ce message de Ould Ghazouani est trompeur au regard de la réforme du système éducatif qui parachève l’arabisation dans le fondamental et le secondaire et qui assimile forcément les écoliers non arabophones. En prenant l’éducation comme axe prioritaire de la décentralisation le président mauritanien montre encore une fois qu’il est peu soucieux de l’unité nationale et de la cohésion sociale et à fortiori de l’avenir du pays.
Cherif Kane
Coordinateur journaliste
(Reçu à Kassataya.com le 24 février 2024)
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