CAN 2024 : le pari réussi de la Côte d’Ivoire

Au-delà du sacre des Eléphants, l’édition ivoirienne fut celle de tous les records : des matchs diffusés dans plus de 170 pays, près de 2 milliards de téléspectateurs cumulés. Et un président, Alassane Ouattara, grand vainqueur de la compétition.

Le MondeLe 11 février au soir, le capitaine ivoirien Max-Alain Gradel brandit la coupe sur la pelouse d’un stade Alassane-Ouattara d’Ebimpé plein à craquer. La Côte d’Ivoire vient de battre le Nigeria 2-1 en finale de « sa » CAN. Dans l’enceinte qui porte son nom, le président ivoirien, très ému, saisit ensuite le trophée doré des vainqueurs avant les autres joueurs. « C’est aussi sa coupe », souligne le politologue Arsène Bado.

Avec la sélection nationale, le chef de l’Etat est le grand vainqueur de cette compétition continentale, marquée sur les pelouses par les surprises créées par les bonnes performances des « petites » équipes – Cap-Vert, Angola, Guinée équatoriale, Mauritanie – et l’épopée de la sélection ivoirienne, qui fut quasiment éliminée avant de remporter sa troisième étoile, et plus largement par une organisation saluée par les supporteurs et les observateurs, dans une ambiance festive.

Aucun couac sécuritaire majeur n’a eu lieu, ni mouvement de foule ni attentat terroriste, alors que le pays est bordé par le Mali et le Burkina Faso en proie aux groupes terroristes – 20 000 membres des forces de l’ordre ont été déployés pour sécuriser l’événement. L’édition ivoirienne fut celle de tous les records : des matchs diffusés dans plus de 170 pays, plus de 5 000 journalistes accrédités, 1,5 million de visiteurs annoncés et près de 2 milliards de téléspectateurs cumulés dans le monde.

Dans les tribunes dimanche, au milieu des chants à la gloire des footballeurs, les spectateurs scandaient aussi le nom d’un homme : « ADO, ADO, ADO, ADOOOO », le surnom d’Alassane Ouattara. Sur les images de la finale diffusées à la télévision, « le président semblait en lévitation, il était visiblement heureux et il avait ses raisons », commente le sociologue Francis Akindès. Le président ADO (Alassane Dramane Ouattara), qui a débuté un troisième mandat controversé après avoir été élu en 2010 et en 2015, voulait faire de cette compétition la vitrine de sa gestion de la Côte d’Ivoire, dont la croissance dépasse les 7 % en moyenne depuis 2012 et qui est la première puissance économique d’Afrique de l’Ouest francophone.

« La plus belle de l’histoire »

La Côte d’Ivoire abonde à 40 % du PIB de la zone de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA). Pour parvenir à faire de cette CAN « la plus belle de l’histoire », comme il l’avait souhaité, le gouvernement n’a pas lésiné sur les moyens : 1,5 milliard de dollars a été déboursé pour la construction et la rénovation de stades, de lieux d’hébergement, de routes et d’une autoroute.

Tout cela n’a pas été sans difficultés. Quatre mois seulement avant la CAN, l’état de la pelouse du stade d’Ebimpé, censée être la plus belle de la compétition, a fait polémique. Détrempée après une forte averse, elle avait obligé l’arbitre du match amical Côte d’Ivoire – Mali à arrêter la rencontre, suscitant un tollé national et de nombreuses inquiétudes sur l’état de préparation du pays.

Le ministre des sports, Claude Paulin Danho, mais aussi le premier ministre, Patrick Achi, avaient été limogés un mois plus tard. Robert Beugré Mambé, le gouverneur d’Abidjan déjà appelé à la rescousse pour mener à bien l’organisation des Jeux de la francophonie en 2017, avait été nommé avec la double fonction de premier ministre et de ministre des sports. Il avait devant lui trois mois seulement pour corriger le tir.

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Source : Le Monde 

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