Au Sénégal, le report de l’élection présidentielle à une date inconnue inquiète jusqu’en France

Annoncé samedi par le président sortant Macky Sall, le report des élections provoque de vives craintes pour le processus démocratique sénégalais.

Le HuffPost – De l’inquiétude jusqu’à Paris. Le Sénégal, pourtant connu pour sa stabilité politique sur le continent africain traverse depuis ce samedi 3 février l’une des plus graves crises politiques de son histoire. En cause ? L’annonce du report de la présidentielle par le président sortant Macky Sall, à seulement trois semaines du scrutin.

Prévue le 25 février, l’élection présidentielle sénégalaise a été reportée sine die (sans nouvelle date) samedi par le chef de l’État, élu en 2019 pour un deuxième mandat. Une décision qui inquiète même en France car c’est la première fois depuis 1963 qu’une présidentielle au suffrage universel direct est reportée dans le pays.

Ce dimanche 4 février, le Quai d’Orsay a exprimé sans détour son inquiétude au sujet de cette crise à Dakar. « La France suit avec une vive attention la situation au Sénégal », a exprimé la diplomatie française dans un communiqué, avant d’appeler « les autorités à lever les incertitudes autour du calendrier électoral pour que les élections puissent se tenir dans le meilleur délai ».

 

Au même titre que les États-Unis ou la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao), l’UE a également partagé ses craintes, estimant que la décision de Macky Sall ouvre une « période d’incertitude » au Sénégal. La porte-parole de l’Union européenne a également milité pour la tenue d’élections « dans les meilleurs délais ».

Régression démocratique ?

 

Mais pourquoi Macky Sall a-t-il pris une telle décision quelques heures seulement avant l’ouverture officielle de la campagne. Pour justifier son décret, le chef d’État africain invoque le conflit actuel entre le Conseil constitutionnel et l’Assemblée nationale au sujet de la validation définitive des candidatures à la présidentielle.

Après l’élimination de plusieurs dizaines de candidats lors de ce processus, une demande de report a été réclamée par l’un des candidats refoulés, Karim Wade. Il remet en cause l’intégrité de deux juges constitutionnels qui ont validé les candidatures.

L’Assemblée nationale a donc mis en place une commission d’enquête pour faire toute la lumière sur les conditions de validation des candidatures. Et c’est à la surprise générale que le camp présidentiel a soutenu la démarche. Mais cela n’explique pas tout. Car au-delà des critiques sur la séparation des pouvoirs et les soupçons d’un plan présidentiel pour éviter une défaite dans les urnes, Amadou Bale, Premier ministre et candidat du parti de Macky Sall est loin de faire l’unanimité, même dans ses propres rangs.

Sans oublier que le candidat antisystème Bassirou Diomaye Faye fait désormais figure de menace très crédible pour la victoire électorale. Sa candidature a d’ailleurs été validée alors qu’il est emprisonné depuis avril 2023, pour « outrage à magistrat et diffamation » notamment.

Désormais la situation est simple : le code électoral sénégalais impose qu’un décret fixant la date d’une nouvelle présidentielle soit publié au plus tard 80 jours avant le scrutin. Dans l’état actuel des choses, cela reporterait l’élection à fin avril, dans le meilleur des cas. Dans ce scénario, le président Sall conservait donc son poste au-delà du 2 avril, date butoir de son mandat.

Marche à Dakar pour lancer la campagne

 

Ce chamboulement politique inattendu plonge donc le Sénégal dans une période de flou. Mais face à cette décision, plusieurs candidats opposés au président sortant ont d’ores et déjà annoncé qu’ils ne respecteraient pas ce report sine die et lanceront dès ce dimanche leur campagne électorale.

« Nous rejetons systématiquement le décret (reportant la présidentielle). Nous donnons rendez-vous ce dimanche à tous les Sénégalais pour une marche » à Dakar, a ainsi déclaré Cheikh Tidiane Youm, un porte-parole du camp de l’opposition sur la radio privée RFM.

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Maxime Birken avec AFP

 

 

 

 

Source : Le HuffPost (France)

 

 

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