La CAN, une opportunité économique à ne pas manquer pour la Côte d’Ivoire

La Côte d’Ivoire se prépare à accueillir à partir du 13 janvier la deuxième Coupe d’Afrique des nations de son histoire. Un évènement sur lequel le pays entend capitaliser pour consolider son statut de puissance économique régionale.

Le Monde – En Côte d’Ivoire, c’est l’heure des derniers ajustements et des ultimes coups de peinture. A deux semaines du début de sa Coupe d’Afrique des nations (CAN) le 13 janvier, le pays est à pied d’œuvre pour que la 34e édition de la plus grande compétition sportive panafricaine soit « la meilleure de l’histoire », selon les mots de son président, Alassane Ouattara.

Le chef de l’Etat ivoirien a fait du succès de l’événement une priorité politique, au point de confier en urgence à son nouveau premier ministre Robert Beugré Mambé, nommé le 16 octobre, la supervision des derniers préparatifs. La pression est à la mesure des enjeux : vitrine diplomatique et levier d’influence, la CAN doit également être un moteur de croissance pour le pays. « Le sport est un outil de puissance polymorphe, qui peut notamment être utilisé pour attirer des investisseurs », rappelle Lukas Aubin, spécialiste de la géopolitique du sport à l’Institut des relations internationales et stratégiques (Iris).

Soucieux d’affermir son statut de locomotive économique régionale, le pays s’est engagé dans des travaux de grande envergure. Au total, l’Etat a investi plus de 500 milliards de francs CFA (environ 760 millions d’euros). Quatre stades « ultramodernes » ont été construits à Ebimpé (en banlieue d’Abidjan), San Pedro (sud-ouest), Yamoussoukro (centre) et Korhogo (nord). Deux autres ont été rénovés à Abidjan (sud) et Bouaké (centre) et 24 terrains d’entraînement ont été aménagés.

Des projets immobiliers colossaux

Dans le même temps, les axes routiers reliant les villes hôtes ont été réhabilités pour faciliter le déplacement des équipes et des supporters. L’autoroute Abidjan-Yamoussoukro a été rallongée jusqu’à Bouaké et la voie reliant Abidjan à San Pedro modernisée. « Tous les secteurs du BTP ont bénéficié de cette CAN. Les aciéries, notamment, tournent à plein régime », se félicite un responsable d’une entreprise du secteur, préférant garder l’anonymat.

C’est toutefois dans le secteur du tourisme que les attentes de retombées économiques sont les plus fortes. Son développement est la priorité du gouvernement depuis le lancement en 2019 du programme « Sublime Côte d’Ivoire ». Cette stratégie nationale, cofinancée par l’Etat (1 500 milliards de francs CFA) et le secteur privé (1 700 milliards de francs CFA) ambitionne de propulser le pays dans le top 5 des destinations africaines et d’en faire un « leader africain du tourisme d’affaire ». En plus des stations balnéaires modernisées et des circuits touristiques aménagés, se construisent des projets immobiliers colossaux, à l’instar du luxueux complexe hôtelier « Serena village » à Abidjan ou de la tour « Abidjan Business City », futur épicentre de l’économie ivoirienne et régionale.

A la faveur du tournoi, l’office national du tourisme espère que les dizaines de milliers de visiteurs attendus s’éloignent des stades pour « découvrir les charmes et les attractions du pays ». Une application mobile, « Pass touristique », a été développée pour répertorier des sites à visiter et faciliter les réservations. « Tous les secteurs, de l’hôtellerie à la restauration, en passant par les transports, mettent les bouchées doubles pour être prêts. Tout ce dynamisme a des répercussions positives sur l’emploi », observe Ladji Karamoko Ouattara, chercheur enseignant en relations internationales.

Pas à l’abri d’un désenchantement

Mais l’embellie sera-t-elle durable ? Une fois les touristes repartis et la fête achevée, certains craignent que la machine économique s’essouffle, voire déraille, comme ce fût le cas au Cameroun, pays hôte de la compétition en 2022. Avec un budget similaire à celui de la Côte d’Ivoire, Yaoundé n’est pas parvenu à pérenniser les emplois créés par la CAN et à faire refluer la pauvreté, accentuée par l’inflation.

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Source : Le Monde – (Le 25 décembre 2023)

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