
– Elle s’annonce comme « la COP des fossiles ». A Dubaï, les Etats réunis pour la 28e conférence mondiale sur le climat (COP28), du 30 novembre au 12 décembre, tenteront de négocier une formule appelant à une réduction de l’usage du charbon, du pétrole et du gaz, principaux responsables du dérèglement climatique. Mais au-delà des gouvernements, les acteurs du secteur seront, eux aussi, sur la sellette.
« La COP28 sera un moment de vérité pour l’industrie pétrolière et gazière, qui devra montrer si elle veut être un partenaire sérieux pour accélérer la réponse au dérèglement climatique », affirme au Monde Fatih Birol, le directeur exécutif de l’Agence internationale de l’énergie (AIE).
Dans un rapport spécial, publié jeudi 23 novembre, l’organisation décrit ce que le secteur doit mettre en œuvre pour être en phase avec l’ambition de l’accord de Paris. En partant d’abord d’un constat : les entreprises pétrolières et gazières jouent aujourd’hui un rôle plus que marginal dans la transition énergétique. Un chiffre résume ce manque d’engagement : leurs investissements dans les énergies bas carbone ne représentent que 1 % des investissements totaux (1 800 milliards de dollars en 2023). Dans cette industrie comptant des milliers d’acteurs, quatre entreprises (Equinor, TotalEnergies, Shell et BP) regroupent à elles seules plus de 60 % de cette somme.
Les sept principales majors, c’est-à-dire les multinationales privées, détiennent moins de 13 % de la production et des réserves mondiales de pétrole et de gaz, alors que plus de la moitié de la production et près de 60 % des réserves est aux mains des compagnies nationales détenues par un Etat, telles que la saoudienne Saudi Aramco ou l’émiratie Adnoc.
Face à ce constat, l’AIE appelle en premier lieu l’ensemble des producteurs à réduire les émissions liées à leurs propres activités. Ces émissions, dites du scope 1 et 2, qui couvrent la production, le transport et la transformation du pétrole et du gaz, représentent environ 15 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre liées à l’énergie. Selon le rapport, elles doivent diminuer de 60 % d’ici à 2030, dans le cadre d’un scénario visant à limiter le réchauffement à 1,5 °C.
Prévoir la baisse de la production
« Une grande partie de ces émissions peuvent être éliminées très facilement et à bas coût, mais nous ne voyons pas les choses avancer dans la bonne direction », estime Fatih Birol. Moins de la moitié des entreprises affichent aujourd’hui des objectifs de diminution, et pas dans les proportions suffisantes. Lors de la COP28, une coalition visant à renforcer la lutte contre les fuites de méthane pourrait être annoncée, tout comme des engagements de producteurs d’hydrocarbures sur la diminution des émissions liées à leurs activités.
L’AIE insiste toutefois sur le fait que son appel à l’action est « bien plus large ». Elle souligne notamment que l’industrie est « bien placée » pour contribuer au développement de certaines technologies cruciales pour mener à bien la transformation du système énergétique (éolien en mer, hydrogène, captage et stockage du carbone…). Pour être crédibles quant à leurs engagements climatiques, les entreprises ayant choisi de se diversifier devraient consacrer la moitié de leurs dépenses d’investissements aux énergies propres, contre 2,5 % aujourd’hui.
Source :
Diffusion partielle ou totale interdite sans la mention : Source www.kassataya.com