Afrique subsaharienne : l’impasse des institutions et gouvernance africaine dans le collimateur des observateurs

Les récents coups d’Etat au Mali au Burkina Faso en Guinée et au Niger relancent le débat sur la gouvernance et institutions africaines et notamment en Afrique subsaharienne dans l’impasse depuis les indépendances en 1960. 63 ans de mascarades électorales et de pauvreté des populations. 63 ans de dépendance économique.

C’est une triste réalité qui résulte des institutions africaines et en particulier celles des anciennes colonies de la France dont les constitutions sont d’inspiration française et modifiables pour la plupart des états par les présidents qui s’offrent tous les pouvoirs : exécutif, législatif et judiciaire grâce au conseil constitutionnel et la commission électorale dite indépendante, deux organes de tricherie politique et de fraude aux mains du chef de l’exécutif.

A titre indicatif entre 1960 et 1989, sur les 102 élections présidentielles en Afrique, le président en exercice l’a emporté avec 92 pour cent des suffrages et le parti au pouvoir avec 83 pour cent. Et dans 29 pays sur 47, les partis d’opposition n’ont jamais été représentés. Trois décennies après les crises post- électorales sont nombreuses surtout au Sahel où un coup d’Etat dans au moins deux états ouest-africains comme en témoignent les coups de force au Mali, en Guinée au Burkina Faso et au Niger.

Cette remise en cause de la démocratie interroge l’histoire de ces régimes du parti unique des indépendances au pluralisme par les régimes libéraux et socialistes des années 90 à nos jours. Tous ont fait leur preuve et échoué. 63 ans de pauvreté et d’instabilité politique et économique à cause de la corruption et de la gabegie.  Un modèle de gouvernance qui contraste avec des pays comme Singapour et la Corée du Sud qui étaient au même stade de sous-développement en 1960 et qui sont aujourd’hui émergents. Où est le modèle africain ? C’est l’absence d’une politique de développement qui est pointée du doigt, la clef de la bonne gouvernance.

63 ans de modèles étrangers alors que les Etats sahéliens peuvent s’inspirer de la charte Mandé du prince Soundiata Keita du Mali en 1236 qui est un modèle de droits de l’homme et de justice sociale. Elle est reconnue par l’UNESCO en 2009 comme patrimoine culturelle immatérielle de l’humanité. Cet exemple historique renforce l’idée selon laquelle qu’aucun des pays sahélo-sahariens ne peut se développer sans l’enseignement de ses langues nationales à l’école, véhicule des savoirs et des cultures pour repersonnaliser l’homme africain.

Il est urgent que les gouvernants cessent de se préoccuper de leurs reconductions qui coûtent chères aux contribuables 125 milliards de dollars pour l’Afrique subsaharienne.

Cherif Kane

Coordinateur journaliste

(Reçu à Kassataya.com le 06 novembre 2023)

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