La Côte d’Ivoire face au défi de la Coupe d’Afrique des nations

« L’Afrique au centre du jeu » (2/4). A deux mois et demi du coup d’envoi de la compétition, le pays n’est pas encore prêt. Un nouveau premier ministre vient d’être nommé pour relever en urgence ce défi aussi sportif que politique et social.

Le Monde – La Côte d’Ivoire est en chantier. De l’historique stade Félix-Houphouët-Boigny d’Abidjan, que les ouvriers achèvent de remettre à neuf, au béton coulé sur les grands axes routiers, le pays est entièrement tourné vers l’organisation de la Coupe d’Afrique des nations (CAN), qui doit s’ouvrir le 13 janvier 2024.

« Le 13 janvier, c’est demain », souffle un ministre ivoirien face à l’ampleur de la tâche qui reste à accomplir pour que cette CAN soit « la meilleure de l’histoire », comme le souhaite le président Alassane Ouattara. Douze ans après la fin de la crise postélectorale qui a déchiré le pays et fait au moins 3 000 morts, la Côte d’Ivoire joue gros. C’est la première fois qu’elle accueille un événement de cette taille, qui doit être une vitrine tant économique que politique et touristique.

Il y a urgence et encore beaucoup à faire. Signe de l’insatisfaction du chef de l’Etat, il vient de choisir un nouveau premier ministre, Robert Beugré Mambé, dont la tâche première sera de mener à bien la compétition. Nommé le 16 octobre, à deux mois et demi du plus grand rendez-vous sportif continental, l’ex-gouverneur d’Abidjan a un profil taillé pour : cet ingénieur des travaux publics avait déjà été appelé en urgence en 2016 pour organiser les Jeux de la francophonie, qui se déroulaient un an plus tard.

Dans le gouvernement, l’un des rares changements est l’éviction du ministre des sports, Claude Paulin Danho, en guerre ouverte avec François Amichia, le président du comité d’organisation de la CAN. C’est le premier ministre qui est désormais directement en charge du portefeuille des sports, accompagné d’un ministre délégué, Metch Adjé Silas.

 

Une pelouse inutilisable

 

Les interrogations autour de la CAN ont laissé place à la crise lorsque le 12 septembre, la pelouse du stade d’Ebimpé (60 000 places), au nord d’Abidjan, s’est retrouvée détrempée et inutilisable après une forte averse, contraignant l’arbitre à suspendre la rencontre entre la Côte d’Ivoire et le Mali. Inacceptable pour une pelouse qui a coûté 1,2 milliard de francs CFA (1,8 million d’euros) ; en moyenne, celles des grands stades européens coûtent deux fois moins.

Au total, l’Etat a investi plus de 500 milliards de francs CFA pour la construction et la réhabilitation des infrastructures. Il lui a fallu construire quatre stades – à Ebimpé, San Pedro (sud-ouest), Yamoussoukro (centre) et Korhogo (nord) –, en réhabiliter deux – à Abidjan et Bouaké (centre) –, remettre en état 24 terrains d’entraînement, faire sortir de terre des « villages CAN » pour l’accueil des joueurs et de leurs staffs…

L’Etat a aussi rénové les routes reliant les villes d’accueil, comme la Côtière, entre Abidjan et San Pedro. Alors que l’axe était devenu quasi impraticable, il faut désormais moins de cinq heures pour parcourir 340 km, contre jusqu’à douze heures auparavant. L’autoroute menant à Yamoussoukro a aussi été prolongée jusqu’à Bouaké, et les plateaux techniques des dispensaires et des hôpitaux ont été modernisés pour correspondre aux besoins des joueurs et pouvoir accueillir des dizaines de milliers de supporteurs.

Autant d’investissements qui doivent profiter aux Ivoiriens. « Cela va booster l’activité des commerçants, les zones industrielles vont redoubler d’ardeur et de créativité pour fabriquer des produits dérivés à l’effigie des stars. Cela va profiter aux hôteliers et aux restaurateurs, qui ont pour beaucoup réhabilité leurs établissements. Il va y avoir des créations d’emplois dans le transport et le tourisme. Et à moyen terme, cela va doper la croissance », détaille l’économiste Yao Séraphin Prao.

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(Abidjan, correspondance)

 

 

 

Source : Le Monde – (Le 24 octobre 2023)

 

 

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